Une meilleure prise en charge du secteur touristique s'impose en cette période difficile dans le but de lui donner une nouvelle dynamique afin qu'il puisse participer à la croissance économique tant attendue. C'est dans ce cadre que se tiendra cet après-midi au centre de formation touristique Kerkouène à Hammamet l'assemblée ordinaire non élective de la Fédération tunisienne d'hôtellerie qui essayera de porter de nouvelles idées, d'aplanir les difficultés et de redynamiser le secteur dans cette conjoncture morose. La FTH ne cesse sous la férule de son Président Mohamed Belajouza de servir ses adhérents et le secteur hôtelier. Elle déploie beaucoup d'efforts pour défendre au mieux les intérêts de la profession et tenter d'apporter dans la mesure de ses prérogatives et de ses capacités des solutions à certains problèmes, le tout sur la base de consultations régulières avec les professionnels. Sa stratégie s'est axée sur la formation, la promotion et la commercialisation de notre produit touristique, la mise à niveau et le classement des hôtels, la participation active au dossier de l'endettement, aux négociations des nouvelles conventions collectives mais elle a joué un rôle important durant les derniers événements en vue de sauvegarder les emplois et faire redémarrer la destination. Pour cela, une réelle volonté de la part des professionnels se fait sentir pour booster la destination Tunisie et refaire le terrain perdu. La profession qui sera présente à cette assemblée devra conjuguer tous ses efforts pour proposer des solutions concrètes à un secteur en perte de vitesse et relever les défis futurs. L'ordre du jour comportera une lecture, une discussion et une approbation du rapport d'activités, du rapport financier, du rapport du contrôleur financier et une lecture et une approbation des résolutions. KB
Habib Bouslama, vice-président de la FTH: • La FTH a essayé de fédérer au maximum les professionnels • Limiter la casse surtout que le secteur a perdu plus de 60% de son chiffre d'affaires • La banque centrale doit reconsidérer le classement des dettes et autoriser les banques commerciales à être plus souples avec les hôteliers • Le problème libyen a provoqué un grand amalgame dans la tête du client européen Comment évaluez-vous le dernier mandat de la FTH ?
C'est difficile de juger étant membre du conseil de la FTH. Toutefois je peux dire que la FTH a essayé de fédérer au maximum les professionnels, de poser les problèmes qui handicapent le secteur à la une de ses prérogatives notamment ceux de l'endettement, de la commercialisation, du marketing et de la formation. Elle a essayé en outre de faire participer la profession à toutes les décisions de l'administration, oeuvrer à édifier un siège Dar Essiyaha.
Comment la Fédération a-t-elle géré cette crise post- révolutionnaire ?
Je pense que les démarches de la FTH étaient importantes pour limiter la casse durant les derniers événements et venir au secours de ses adhérents. Le secteur a perdu plus de 60% de son chiffre d'affaires. La Fédération a tout fait pour que les professionnels gardent leurs employés. Elle est en train de préparer les négociations sociales en dehors des problèmes ayant trait à la formation, à la mise à niveau, à la politique des prix, à la sécurité. Notre priorité est de sauver le secteur et ceci en demandant à l'administration de différer un peu le remboursement des crédits, de geler les jugements à caractère exécutoire, d'étudier le pouvoir financier notamment la banque centrale la possibilité de réétudier le classement des dettes. Les normes de classement de ces dettes ne peuvent pas s'adapter aux circonstances actuelles. Les banques veulent bien venir au secours des hôteliers Mais encore faut-il avoir l'aval de la banque centrale pour pouvoir adapter les normes de classement à cette situation exceptionnelle. Cette institution doit reconsidérer le classement des dettes et autoriser les banques commerciales à être plus souples et ne plus classer d'une manière machinale une dette qui traverse une période anormale. Nous avons sensibilisé l'administration qui a saisi tous les ministères et nous attendons le retour du censeur. L'Etat va venir en aide aux entreprises hôtelières en difficulté qui ont été touchées et qui ont perdu un bon pourcentage de leur chiffre d'affaires. On peut considérer le tourisme comme un secteur sinistré. C'est pourquoi nous avons demandé de différer les charges patronales, ceux de la STEG, de la SONEDE pour être payées et rééchelonnées à partir du mois d'août 2011 le temps que le secteur reprenne son souffle.
Peut-on sauver l'été ?
J'espère bien car si nous n'arrivons pas à sauver quatre mois d'activités, la situation deviendra grave car l'urgent est de garder les entreprises en activité et là l'Etat doit différer ses charges pour permettre aux professionnels de respirer un peu. La FTH a fait beaucoup d'efforts pour faire redémarrer la destination et gérer ces événements qui se déroulent à une vitesse vertigineuse. Si nous sommes arrivés à lever les restrictions des départs de touristes sur certains marchés, nous nous heurtons jusqu'à aujourd'hui à certains problèmes notamment de la Russie qui n'autorise pas ses touristes à venir en Tunisie. C'est frustrant et cela exige de nous un travail de lobbying politique à faire pour que soit levée cette réserve surtout qu'environ 150.000 Russes visitent la Tunisie.
Le problème libyen risque-t-il de corser la situation ?
La crise libyenne vient se greffer au problème tunisien. Malheureusement, les marchés font l'amalgame entre plusieurs problèmes. La Libye c'est le voisin de la Tunisie. Beaucoup de réfugiés viennent s'installer sur la frontière le temps qu'ils trouvent une solution de départ. Tout cela a fait un grand amalgame dans la tête du client. Le client hésite entre temps le compteur tourne. Cela freine la venue des touristes en Tunisie. C'était le cas lors de la guerre du Golfe. C'est pourquoi jusqu'à maintenant nous ne voyons pas les marchés redémarrer sérieusement alors que la sécurité est rétablie totalement en Tunisie.
Le marché intérieur peut-il être une alternative pour remplir les hôtels. Faut-il offrir des prix préférentiels aux Tunisiens ?
Nous encourageons le tourisme intérieur. Nous avons offert aux Tunisiens des prix compétitifs et attractifs qui varient entre 20 dinars la demi-pension (3 étoiles) 27 dinars (4 étoiles) 35 dinars (5étoiles) Le Tunisien ne pourra pas combler le déficit à 100% le nombre des nuitées des tunisiens représente 6% sur un total de 40.000 millions de nuitées .On ne peut pas compter beaucoup sur ce créneau surtout que Ramadan tombe cette année au mois d'août et le tunisien n'a pas l'habitude de se déplacer durant ce mois. C'est une erreur mais on ne peut changer cette habitude rapidement car cela exige beaucoup de temps. Cette situation va durer 4 à 5 ans.