• Les citoyens prennent conscience, aujourd'hui, de leur importance. Qui s'en souciait ? Faut-il les condamner ? Est-ce maintenant qu'on réalise que c'est un métier noble ! Avis mitigés ! - Après le spectacle de la laideur, voici les odeurs ! Depuis hier, le soleil participe de manière notable à la dégradation de la situation, avec de graves conséquences sur la santé des citoyens de la capitale. En effet, la fermentation des déchets ménagers entassés depuis des semaines sur nos trottoirs commence à transformer la ville en immense dépotoir nauséabond, écœurant même. Des années de servitude Ce qui est nouveau, c'est qu'aujourd'hui chaque tunisien a un avis sur la question. « Tout ça c'est la faute de l'UGTT qui encourage les gens à faire la grève pour renforcer sa position », s'insurge un fonctionnaire qui a dû enjamber un tas d'ordures pour pouvoir rentrer dans son immeuble, situé dans une rue très étroite. Un argument qui ne plait pas à son voisin et qui rétorque : « mais non, c'est un mouvement spontané qui résulte de plusieurs années de servitude de ces agents municipaux mal payés et surexploités… » Certes il y a une initiative citoyenne qui appelle sur Facebook à nettoyer un tant soit peu les rues de la capitale, mais cette journée est programmée pour dimanche et d'ici-là la situation sanitaire risque de devenir intenable. D'ailleurs « une telle initiative ne serait qu'un petit maquillage, là où il faudrait de la chirurgie esthétique », ironise un internaute. Un médecin à qui nous avons demandé un diagnostic tire la sonnette d'alarme : « la multiplication des microbes, des champignons, des bactéries et autres virus est exponentielle dans la situation actuelle. Tous les ingrédients sont réunis pour déboucher sur une épidémie de choléra qui risque de toucher les personnes les plus vulnérables, c'est-à-dire les enfants et les personnes âgées… » Ce médecin attire particulièrement l'attention de « ces nombreuses personnes qui fouillent les tas d'ordures à la recherche d'objets à revendre, et qui se retrouveront exposées à des maladies de la peau et des voies respiratoires, en plus d'autres infections inattendues… » On brûle les ordures ! Certains citoyens, excédés par les odeurs n'ont rien trouvé de mieux à faire que de brûler ces tas d'ordures, mais c'est aller vers une situation tout aussi grave, car le mélange des divers éléments (nourriture avariée, plastiques, papier, métaux, bois…) peut dégager des gaz dangereux pour la santé. Il faut se souvenir de ce qui s'est passé en Italie, il y a quelques années, lorsque de la dioxine s'était dégagée en brûlant des déchets ménagers. D'autres tunisois excédés par cette situation et craignant pour la santé de leurs enfants ont fait une proposition intéressante, selon leur vision des choses : « pourquoi ne pas faire appel à l'armée pour dégager la situation, comme on l'a vu en France il y a quelques années ? Certes nos soldats sont très occupés par la situation sécuritaire dans le pays, mais nous sommes prêts à les aider afin que cette situation ne dure pas plus longtemps… » Un monsieur âgé qui a l'air de sortir de l'époque beylicale déplore cette situation : « vous vouliez la révolution ? En voici les premiers résultats et les catastrophes vont se poursuivre… » Une vision négative que refuse un jeune homme qui l'a entendu se plaindre et qui l'apostrophe en ces termes : « tout cela est provisoire, c'est la rançon de la liberté retrouvée. Bientôt les gens apprendront à participer aux luttes syndicales de façon beaucoup plus responsable… » Peut être ! Mais en attendant, il faut que ce gouvernement trouve une solution rapide à cette épineuse question, avant que des maladies graves ne viennent compliquer une situation déjà catastrophique…