Hafiz Dhaou, co-directeur artistique avec Aïcha M'Barek de la 10ème édition du Printemps de la Danse a été formé et a dansé au Sybel Ballet Théâtre pendant dix ans. En 2000, à la faveur de bourses de l'IFC Tunis, il intègre le CNDC d'Angers. Ensuite, il rejoint Montpellier, pour E.X.E.R.C.E., la formation dirigée par Mathilde Monnier au CCN de Montpellier. En 2002, il y présente Zenzena (« la cellule»), un solo qu'il jouera jusqu'en 2008. Puis en 2003, H.M., pour six danseurs masculins et une danseuse. Il se lie à Abou Lagraa, dont il devient un interprète. Il devient également danseur associé au CCN de Caen (2005), dirigé par Héla Fattoumi et Eric Lamoureux. En 2007, il danse dans la pièce « 1000 départs de muscles » dont il est le chorégraphe. En 2004, il réalise avec Aïcha un premier duo « Khallini Aïch ». En 2005, le duo fonde la compagnie CHATHA. Depuis, il invente un langage chorégraphique commun, tout en partant de leurs dualités. Leurs pièces qu'ils qualifient de « sombres » sont dansées dans le monde entier. Le quatuor « Khaddem Hazem » en 2006 est créé à la Biennale de la Danse de Lyon. Leur nouvelle création, « VU » introduit l'humour. Entretien. Le Temps : cette année, le Printemps de la danse célèbre un double événement : son 10ème anniversaire et la naissance de la révolution tunisienne. Qu'avez-vous prévu pour cette consécration ? Hafiz Dhaou : nous tenons à rappeler que Le Printemps de la Danse a attiré depuis 9 sessions plus d'une centaine de compagnies et de 500 danseurs et de chorégraphes venus de plusieurs pays d'Afrique, d'Europe et du monde arabe. Malgré les difficultés que traverse actuellement le pays, nous n'avons pas voulu priver le public d'une fête dont il est devenu fidèle surtout qu'aujourd'hui le corps s'est libéré. Les artistes veulent investir les théâtres mais aussi la rue. Nous avons donc prévu avec Ness El Fen une programmation spéciale avec des grandes pointures de la danse contemporaine tels que Maguy Marin et la star Pietragalla. *Avec ce que vit actuellement la Tunisie, la danse a-t-elle sa place et est-ce le moment de la mettre en lumière ? -Je répondrai à votre question par cette phrase d'un écrivain « Si les hommes ne dansaient pas sur les volcans, je me demande où et quand ils danseraient ; l'important est de bien savoir qu'on a le volcan sous les pieds afin de goûter son vrai plaisir d'homme libre ». C'est un examen qui nous permettra de voir l'engagement des artistes et leurs aspirations. C'est pourquoi, cette édition spéciale l'est par le collectif de jeunes Tunisiens qui l'organisent et pour lequel la danse est loin d'être une animation culturelle mais un art à part entier. *Comment avez-vous rythmé la programmation de cette session spéciale ? -Par des spectacles, me semble-t-il, de qualité exceptionnelle. Des pièces chorégraphiques de France comme « Circle Moods » d'Orin Camus, « Transports exceptionnels » de Dominique Boivin, « Salves » de Maguy Marin, « Docteur Labus » de JC Gallotta, « La tentation d'Eve » de Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault, « Broken man » du ballet de Lorraine, « Empty Moves », « Suivront mille ans de calme » et « Blanche neige » du ballet Prejlocaj. L'Algérie sera présente avec « D'eux sens » et « Nya » de Abou et Nawal Lagraâ, le Liban avec « Facing the blank page » de Omar Rajeh, d'Egypte « Homma » de Mohamed Shafik, du Maroc « Aléef » de Taoufik Izzediou et du Congo « Cargo » de Faustin Linyekula. La participation tunisienne est aussi importante avec « Repérages1 » du collectif Oumaima Manai, Larbi Namouchi, Hamdi Dridi, Mohamed Toukabri et Ali Sellimi, « Break to be free » du collectif Hamza ben Youssef, Yassine Rmadhnia et les vagabonds, « Ce' que nous sommes » de Radhouane Meddeb, « Repérages 2 » de Kais Chouibi, Seifeddine Manai et Selim Ben Safia, « Kahwa » du duo Aicha M'barak et Hafidh Dhaou et « Manta » de Héla Fatoumi et Eric Lamoureux. Sans oublier, l'organisation d'un atelier avec Yann Lheureux qui se tiendra durant trois jours à El Menzah 6 ainsi qu'une rencontre avec Wassila Tamzali, le dernier jour du festival à Ness El Fen. *Vous avez déjà participé dans une session précédente avec la pièce chorégraphique « Kahwa », pourquoi ce choix ? Et est-ce que vous n'avez pas une nouvelle création à proposer cette année ? -C'est vrai que j'ai déjà présenté « Kahwa » lors d'une session passée. Mais j'ai remarqué qu'un grand nombre de spectateurs ne l'avaient pas vu, ensuite, la pièce de par sa thématique s'inscrit pleinement dans l'actualité. Alors, j'ai pensé en concertation avec le collectif d'organisation du Printemps de la Danse, qu'il est d'opportunité de faire profiter le public de cette création qui est le solo de l'être à reconstituer, comme on boit son départ pour un nouveau matin. Il profile, circule, articule, dans le suspens des questions qu'il veut accueillir sans crainte . Transgresseur d'identité, il défie sa solitude à deux. Mais, je suis en train de préparer une nouvelle pièce qui verra bientôt le jour. Propos recueillis par Inès Ben Youssef