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« Aboul Kacem Chabbi fait figure pour moi, de compagnon aîné mais sans âge… »
Entretien : Moncef Ghachem, poète
Publié dans Le Temps le 10 - 04 - 2012

*Reconnaissance à « l'aigle » qui plane entre les monts, malgré la maladie et les ennemis.
Né à Mahdia, Moncef Ghachem est le poète de la mer. Il a publié plusieurs recueils, dont « Cent mille oiseaux» (1975), «Car vivre est pays» (Caractère, Paris 1978), «Cap Africa » (L'Harmattan, 1987), «Nouba» (L'or du temps, Tunis 1997), «Orphée » (MEET, 1997), «Matin près de Lorand Gapar» (L'or du temps, 1998), « Mugelières » (Apogée France 2010) et un récit autobiographique: « L'épervier nouvelles de Mahdia » (S.P.M, 1994); un ouvrage qui a obtenu le prix Albert Camus 1994 (Mention Découverte). Moncef Ghachem est aussi lauréat du prix Mirabilia de poésie francophone (Roc Amadour, 1997).
Nous avons eu tout le plaisir de rencontrer notre grand poète à Sidi Bou-Saîd, le paisible lieu de sa résidence, quelques jours après son retour du Sud tunisien où il a participé aux côtés d'autres poètes du Pourtour méditerranéen, à la première édition des « Ouvertures poétiques », organisées par l'Association Hippocampe. Entretien.
Le Temps : l'univers de la mer et des pêcheurs de Mahdia, le thème de prédilection de vos œuvres poétiques, constitue entre autres la toile de fond de vos projets en cours… si vous nous en parliez ?
Moncef Ghachem : je travaille sur trois projets différents ; deux recueils de poésie en état d'écriture ; donc, deux mises au monde. Travail singulièrement marin… autrement dit, je vogue avec mes frères pêcheurs marins vers des prises et des fortunes, des chances, des espérances et la préservation incessante du beau dans le sens de l'amélioration du vivant et des conditions artistiques et spirituelles de l'humanité à laquelle fortement j'appartiens. Appartenance profonde et démesurée au changement révolutionnaire très espéré dans notre pays. Sinon, mon souci majeur et mon espoir le plus total, le plus absolu, demeure l'attente ardente de la « visitation » de la poésie dans ses manifestations pour la liberté, pour l'espoir et pour la beauté.
Par ailleurs, je me suis toujours situé dans une continuité solaire et de l'invincible lumière de mes grands frères, poètes en général, et poètes tunisiens en particulier. C'est ainsi que j'ai écrit des essais sur la poésie de Ritsos, le grand Grec, de Char et de Hugo, les grands poètes français et de mon ami de toujours, le lumineux nomade, le poète du désert comme il est appelé, Laurent Gaspar. Mais cette fraternité poétique relève aussi du lien de vie et d'enracinement indélébile à la même terre de Tunisie.
La même terre, la patrie, le pays, l'arrière pays, le patrimoine et la mémoire collectifs ; autant le souffle et la respiration s'étendent dans l'espace et franchissent le temps pour renaître, ressusciter et devenir chant de l'amour et de l'espoir, intense résonance de la liberté et de la révolution. Mais ma vision du monde, ma recherche de parole, mon évolution au sein de la langue, bref, ce qu'on pourrait globalement nommer l'imaginaire poétique, le mien demeure essentiellement marin ; de la Côte, du rivage, des rives. Aussi, l'une de mes actuelles écritures reprend-elle un chemin d'aspect autobiographique qui raconte mon rocher et mon port, repères inamovibles de ma ville natale, la vie, la voix, la plaisanterie, l'emportement de mes chers et familiers pêcheurs de Mahdia.
*Pourriez-vous nous présenter, « Mugelières » et pourquoi avoir accordé toute cette importance à ce poisson, l'une des composantes essentielles de votre univers marin?
-Le dernier livre que j'ai pu publier dans une maison d'édition (Apogée) à Rennes (France) à la fin 2010, s'intitule « Mugelières ». J'y retrace toute la fresque et la vive mémoire de toute une communauté, de toute une histoire de pêcheurs pratiquant la mugelière…Je voudrais revenir à la vie et à la vision essentielle en poésie, à l'oralité incantatoire et énigmatique qui émane dans toute poésie authentique.
La mugelière, c'est la technique artisanale de la mise à mort du poisson, il y a peu, légendaire dans les lieux côtiers comme Mahdia et Salakta. Peut être le poisson le plus présent dans ma pérégrination de marin, descendant d'une famille de pêcheurs dont plusieurs générations s'adonnaient en automne, au mois d'octobre, à la prise de ce poisson fabuleux. « Megel » en langage mahdois, « mela » à Salakta et plus au sud … Autrement dit, le muge ou mulet migrateur ou mulet sauteur
*Vous entretenez avec les poètes et musiciens de la Sicile, des rapports particuliers ;une complicité culturelle et artistique qui remonte à plusieurs années. L'un de ces artistes, Biagio Guerrera était présent avec vous à Tozeur pour les « Ouvertures poétiques ».
-En effet, au cours de ces derniers temps, j'ai pris part en Sicile et ailleurs en Italie, à des récitals collectifs avec des artistes du groupe Dounia, ( 5 musiciens siciliens et un chanteur palestinien, Faïçal Tahar), et avec mon ami, poète et musicien, Biagio Guerrera, lui-même de Catane.
L'édition d'un livre accompagné d'un CD fut réalisée en 2002 ayant pour titre « Sur les rivages de la Mer Blancche ». Un travail qui fut relayé par une autre collaboration musico poétique, intitulée « Ceux qui brûlent les frontières ».
Cette rencontre avec le groupe de musiciens de Catane et Biagio Guerrera, a été poétiquement et artistiquement des plus accomplies. Le thème essentiel qu'elle a brassé, consistait à élever le chant métissé d'une méditerranée à la fois, polyphonique et proche. Enfin pour moi, c'est un compagnonnage et un échange poétiques et musicaux avec la Sicile, la belle île où ont vécu avant nous, de grands poètes arabes, tels : Ibn Hamdis et El Khayat.
*Vous avez certainement remarqué comme tous les Tunisiens, cette campagne de dénigrement, menée par des courants obscurantistes visant les langues étrangères et particulièrement celle de Molière. Qu'en pensez-vous ?
-Ma génération appartenant aux années 1970, est totalement polyglotte. Les œuvres ou les essais des grands Marocains, Lâabi et Khatibi entre autres écrivains maghrébins, ont bien développé cette pertinente question de la langue. La Tunisie est certes un pays arabe où des langues autres que l'arabe, cohabitent et sont utilisées couramment. Le français est une langue historiquement assumée ; elle accompagne celles et ceux qui la pratiquent et l'écrivent. Aujourd'hui, toute une communauté de poètes et d'écrivains talentueux et doués s'expriment sinon dans une graphie française, du moins, sont francophones comme on le dit… Quand on écrit, quand on se dit dans une langue, y compris celle qui n'est pas maternelle, cette langue devient tout bonnement la sienne. C'est le corps et la voix, finalement la vie…Mais la question de la langue est très complexe ! Personnellement, bien que je sois désigné comme francophone, je réponds que je suis Tunisien, ouvert comme l'est mon peuple, amoureux et passionné des mots et de la parole et en premier, l'amour et le feu vivifiant de la langue populaire tunisienne. Je suis porteur et meneur d ‘une poésie en dialectal comme on le sait.
*Quel est votre sentiment face à l'un des moments forts de votre séjour dans le Sud tunisien, votre recueillement sur la tombe de notre grand poète national Aboul Kacem Chabbi, symbole de la dignité, de la liberté et de la volonté des peuples ?
-J'ai toujours ressenti la fraternité poétique d'Aboul Kacem Chabbi comme une évidence clairement créatrice, entre veille et sommeil, dans le désir de retrouver le poème et le sauvegarder. Aboul Kacem fait figure pour moi de compagnon aîné mais sans âge. A Tozeur, où j'étais récemment avec d'autres amis poètes des deux rives, je suis allé me recueillir sur sa tombe. Moment particulièrement émouvant. Reconnaissance à « l'aigle » qui plane entre les monts malgré la maladie et les ennemis. Reconnaissance au chantre de la lumière et de la liberté que Chabbi fut. D'ailleurs à mon sens, c'est pareillement pour son contemporain et compatriote Mario Scalesi qui a splendidement tressé ses « Poèmes de maudit » dans la langue de Baudelaire.
Propos recueillis par: Sayda BEN ZINEB

J'écris »
J'écris avec la tyrannie des misères
J'écris avec mes processions de poète errant
J'écris avec les jachères sèches de la terre
J'écris et la colère gronde dans mon cœur transparent
J'écris avec cent milliards de balles à tirer
Dans la cervelle des bobards les jambes des voleurs
La couronne des bavards la bourse des guerriers
Le calcul des imbéciles sur l'échelle des grandeurs


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