Le Temps : comment avez-vous découvert l'univers de la peinture et depuis quand? Nadia Zouari : Autant que je me rappelle, j'étais toute petite encore quand j'ai commencé à dessiner. D'ailleurs, je garde toujours un monotype chez moi que j'ai fait à l'âge de quatre ans. Mon parcours est un peu atypique puisque j'ai eu un diplôme en commerce à Paris pour faire plaisir à mes parents ; j'ai travaillé dans le milieu des finances et des banques jusqu'au jour où je me suis dit : je ne vais pas faire ce boulot toute ma vie, la peinture étant toujours en moi. J'ai passé alors des stages dans des écoles de beaux-arts à Paris, et peu à peu j'ai évolué dans le domaine de la peinture... mes premières expositions remontent à 1992-1993, la dernière eut lieu au Musée d'Histoire Contemporaine à Moscou. * Vous peignez avec le cœur ou avec l'esprit ? Comment concevez-vous vos œuvres ? - A vrai dire, le cœur et l'esprit se tiennent un peu, mais disons que ça se passe par l'intuition, l'inspiration et la passion de la couleur qui provoque une sensation de brûlure pour moi. Et puis, l'artiste s'imprègne de tout ce qui se passe autour de lui, et la peinture est en fait la traduction de ce que j'en ressens. De même, je ne conçois pas a priori mon œuvre ; je commence le travail sans savoir exactement où cela va me mener et c'est en fonction des couleurs utilisées que j'avance peu à peu dans le travail jusqu'au moment où je me dis : tiens, c'est bon, j'arrête ! Parfois cela peut prendre jusqu'à 20 couches avant que je ne sois satisfaite! * Comment définiriez–vous votre style? - En fait, c'est l'abstraction expressionniste. Je ne travaille pas à partir de modèles ni de photos, tout est dans ma tête, dans mon imagination. Cela n'empêche que je sois inspirée par un événement quelconque : la révolution par exemple. *Apparemment, dans vos œuvres, vous accordez plus d'intérêt à la couleur qu'au thème ou aux formes. Qu'en dites-vous ?- C'est vrai ! Parce que, pour moi, la couleur, c'est l'émotion, la brûlure. On me dit souvent que je suis coloriste, et c'est vrai, j'ai une belle harmonie de couleurs. Mais, chaque fois que je m'aperçois qu'il y a trop de couleurs, je me fais une pause en revenant au noir et blanc, ça me calme un peu. *Parmi les grands maitres de la peinture universelle, quels sont les noms qui vous ont marquée? - Il y en a beaucoup ! J'aime bien les personnages de Giacometti, j'ai visité d'ailleurs sa Fondation à Barcelone. J'aime aussi Miro, l'un des principaux représentants du mouvement surréaliste : ces dessins m'amusent beaucoup! *Et en Tunisie? - J'aime bien les jeunes peintres qui ont beaucoup de talent. J'apprécie les travaux de Houda Lâjili, j'aime aussi Mohamed Chelbi, Walid Zouari. J'aimais Gorgi, Abderrazak Sahli. Bref, tous les artistes qui me laissent ma part de rêve. *Des projets en cours? -Je suis invitée à la Biennale de Paris en janvier 2013. Ensuite, je participerai à une exposition sur le thème du cheval en France. En Tunisie, la prochaine exposition aura lieu à B'chira Art Center et reposera sur la sculpture, ayant pour titre «Au bout du tunnel»