" Art, pourquoi ne pourrais-tu représenter le caractère et l'âme? Il n'y aurait sur terre de peinture plus belle ! " Martial Et la voici la réponse à cette interrogation qui date de plusieurs siècles, de l'eau a coulé, de l'encre et des coups de crayons et de maîtres aussi. Des tâtonnements, des trouvailles intelligentes, d'autres questions et l'art a percé le mystère de l'âme. Grâce à ce don qui ne s'enseigne pas, Hafedh Jerbi a pu composer et décomposer la figure humaine, donner à voir l'inexprimable. Révéler ce qui demeure sous le voile du masque des conventions, des mensonges et du jeu des mimiques du visage. Mille personnages vous regardent, vous observent, vous défigurent, nés d'une tache, d'un tracé, d'un point, d'une ligne initiale, au gré d'une longue errance de la main, de sa pérégrination en quête d'un personnage connu ou anonyme. " C'est ainsi, que l'a écrit, Julius Bissier, le tableau doit venir de lui-même..." Et le portrait vient à la main qui l'enfante. Les traits se croisent, s'entrecroisent, dansent, se séparent, célèbrent leurs retrouvailles, selon une alchimie mystérieuse et le visage apparaît... Du flou, du net, entre apparition et disparition, informe et traits précis, le portrait prend forme, vous sourit, vous intrigue, vous fascine, vous interpelle, vous fait reculer, vous fait la grimace, vous séduit. La physionomie dévoile l'humeur, le caractère, la personnalité, le tempérament du personnage. L'identité, la vie intérieure transparaissent, vous sautent aux yeux comme une évidence. L'émotion vous saisit. Vous " lisez " le personnage car l'artiste a réussi à le montrer dans la nudité de son âme. Le " caché ", l'insaisissable s'étale sous votre regard médusé et charmé. Ne cherchez pas la ressemblance avec le " modèle réel ", il n'y en a pas. Hafedh Jerbi brouille le portrait jusqu'à le rendre méconnaissable. Il ne recherche pas la fidélité, il déforme, exagère certains traits, se joue des expressions du visage. Ce qui l'intéresse, c'est révéler l'intime en nous, ce que nous jouons à garder secret. Il le serait si l'œil et la main d'un artiste ne le livreraient à votre regard. Il ne peint pas ses personnages vus de l'extérieur, il s'identifie à chacun comme s'il peignait son âme.