En meeting à Sousse, le président d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, a, de nouveau, dégainé le consensus et l'union nationale contre les divergences idéologiques. C'est un mot qu'il réitère à l'envi depuis quelques semaines comme un appel du pied ou comme un cadeau empoisonné à l'égard de ceux qui lui opposent un projet de société aux antipodes du sien. A la logique de la confrontation qui s'impose entre les deux principaux partis qui se partagent l'échiquier politique, le président du mouvement Ennahdha confronte une logique « de démocratie naissante et fragile » qu'il brandit comme un argument d'autorité pour plaider un gouvernement d'union nationale. Rached Ghannouchi tente de réhabiliter la cohabitation sous forme de consensus. Pour ce, il invite à faire table rase du passé et à se rappeler l'ultime concession accordé par son mouvement pour sauver le pays. Peu de partis consacrant le diktat de la pensée unique auraient accepté l'alternance, martèle Rached Ghannouchi et si Ennahdha a quitté le pouvoir c'est non parce qu'il y a été acculé mais pour l'intérêt suprême de la nation, ajoute-t-il. Le modèle tunisien illustre que l'islam est compatible à la démocratie, se félicite le président d'Ennahdha mettant en garde contre la nostalgie à l'époque déchue de la dictature. Quant au retour en fanfare aux caciques de l'ancien régime, Rached Ghannouchi répond par la réconciliation et non par le relent.