C'est pratiquement décidé, les enseignants de l'enseignement secondaire sont en passe de décréter le boycott total des examens de la semaine bloquée. En effet, la commission administrative sectorielle du syndicat de l'enseignement secondaire, relevant de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), vient de décider ce dimanche à l'issue de sa réunion le Boycott total de la semaine bloquée des examens du deuxième trimestre. De ce fait, il devient évident que ce corps d'élite a, résolument, choisi l'escalade, et la surenchère avec le ministère de tutelle, bien que le nouveau ministre n'a, toujours, pas tout à fait, déposé ses valises, venant à peine de débarquer au ministère. Les revendications de ces enseignants sont purement d'ordre pécuniaire, sous prétexte que la vie est devenue trop chère pour leurs « maigres » salaires, ce qui fait revêtir à ces manifestations de mécontentement un caractère d'avidité, et taxe les protestataires de personnes avides et égocentriques, surtout quand on prend en considération l'état de crise aigue qui frappe les caisses de l'Etat, de façon à ce que la moindre augmentation de salaire de n'importe quel corps de métier, va immanquablement détériorer l'équilibre déjà précaire des finances du pays. Mais, rien ! Ces honorables messieurs refusent d'entendre la raison et semblent ne vouloir faire qu'à leur tête. « Après nous, le déluge! », semblent-ils crier. Ils veulent leurs sous, et rien ne les fera changer d'avis. A croire qu'à défaut de cette prime revendiquée, ils vont crier famine. Ils s'entêtent dans une sorte d'autisme grave, à ne rien voir ni rien entendre de ce qui les entoure. Ils ne veulent absolument rien entendre des jeunes qui se font tuer au Chaâmbi, ni des jeunes diplômés qui s'immolent par désespoir et sous le poids des années de chômage, ni des régions reculées qui manquent pratiquement de tout. Non, rien à cirer de tout cela. Il n'y a que leur prime qui compte, et pour l'obtenir, ils n'hésitent pas à prendre en otage la jeunesse du pays. D'ailleurs, à propos de jeunesse, ces honorables enseignants, qu'on appelait, il n'y a pas si longtemps, « éducateurs », ne se rendent pas compte du rôle qu'ils auraient du jouer dans cette société secouée par de nombreux soubresauts. Ils ne se rendent pas compte que beaucoup d'entre eux sont en train d'éduquer la jeunesse du pays sur des valeurs erronées comme l'égoïsme, l'amour démesuré de l'argent et la recherche du gain facile... Et après qu'on ne vienne pas nous dire qu'on ne comprend pas pourquoi toute cette déviance dans la tête de nos jeunes, ni cette perte des vraies valeurs sociales qui étaient nôtres. Puisqu'ils sont éduqués par ces lumières que sont leurs honorables professeurs sur ces nouvelles valeurs. Et le malheur dans tout çà, c'est que quand on rencontre un enseignant, il n'hésite pas à se plaindre de la déchéance du métier, et de la déperdition du respect dû à leur statut. Ils ne se rendent, apparemment, pas compte que certains parmi eux sont en cause de cet état de choses, puisqu'ils font tout pour perdre le respect dont ils jouissaient, en mettant à l'arrêt les lycées et en boycottant les examens pour revendiquer des augmentations alors que d'autres ne trouvent même pas de quoi nourrir les leurs. Ne comprennent-ils, donc, pas que cette avidité a eu raison de leur dignité et du respect dû à leur grade ? Ne comprennent-ils pas, par exemple, qu'en exigeant de leurs élèves de s'inscrire chez eux pour suivre des cours particuliers, et en les rackettant en exigeant des sommes d'argent de plus en plus importantes, et en tendant la main pour se faire payer par leurs élèves, ils finissent par agacer et par devenir trop « petits » devant leurs étudiants et leurs parents ? Et dire qu'après, ils viennent se plaindre qu'on ne les respecte plus et qu'ils se font même, parfois, tabasser ou agresser par des élèves ou leurs parents !