Le chef du gouvernement a souligné les défaillances du système politique déplorant, par la même occasion, les manœuvres de certains partis politiques. Alors qu'il s'apprête à se soumettre à un vote de confiance, dont l'issue lui semble défavorable, le chef du gouvernement, Habib Essid, a accordé un entretien au journal « Assabah » où il défend son action et énumère les failles auxquelles son cabinet s'est heurté. Le chef du gouvernement a, d'abord, rappelé avoir sollicité un vote de confiance parce que attaché aux principes démocratiques et par souci de continuité des instituions de l'état. Il (vote de confiance) s'agit du chemin le plus court… Il y a d'autres chemin plus longs et plus compliqués mais la situation économique, sécuritaire et politique du pays ne supporte pas de perdre plus de temps. J'ai donc décidé de raccourcir les délais et de choisir le chemin le plus court », a soutenu Habib Essid. Revenant sur les dissensions ayant décimé l'action du gouvernement, le chef du gouvernement a, d'abord, nié l'existence de frondeurs au sein de son gouvernement concédant, toutefois, qu'il lui incombait de faire la synthèse entre des sensibilités contradictoires. « Je suis à la tête d'un gouvernement composé de quatre partis politiques ayant une culture, une idéologie et une vision différente même au niveau économique et social. Ces partis n'ont pas le même poids ni la même présence sur le terrain. Ce n'était donc pas facile de rapprocher leurs points de vue et leur perception de la nouvelle Tunisie », souligne le chef du gouvernement. Le chef du gouvernement déplore, ainsi, les défaillances du système politiques et les manœuvres de certains partis politiques. « L'opinion publique doit savoir que certains partis politiques ne se sont intéressés qu'aux nominations et toute leur pression s'est focalisée sur ce point, ce que j'ai refusé et refuse. C'est peut-être à cause de ce malentendu que ma relation avec ces partis s'est détériorée », a affirmé Essid. Le chef du gouvernement s'est, par ailleurs, emporté contre le manque de solidarité de certains ministres vociférant publiquement contre l'action gouvernementale et se maintenant, tout de même à leurs postes. « Mon éthique m'empêche de continuer à travailler au sein d'une équipe gouvernementale dont je ne crois pas à l'efficience ou qui est vouée à l'échec », a fait-remarquer Essid. Evoquant sa relation avec le président de la République, Habib Essid a mis en avant un « respect mutuel » regrettant, toutefois, la persistance d'une confusion sur la séparation des pouvoirs dues au legs autoritariste d'un régime hyper présidentiel. Le chef du gouvernement a, par conséquent, balayé les critiques lui prêtant un rôle de gestionnaire plutôt que celui d'un capitaine. « Je me suis toujours comporté conformément à mes prérogatives constitutionnelles. Je pense également que le président de la République a toujours, respecté, lui aussi la constitution et n'a jamais dépassé ses prérogatives », a-t-il défendu. Néanmoins, Habib Essid s'est insurgé contre le virage opéré par le président de la République. Essid souligne ne pas avoir été informé, au préalable de l'initiative présidentielle et critique le moment choisi par BCE de l'annoncer. « La manière avec laquelle le président de la République a annoncé son initiative a brisé l'harmonie qu'il y avait entre nous… Je n'ai pas pu accepter non plus le timing choisi pour l'annoncer. Le contexte n'est pas favorable ni sur le plan sécuritaire ni sur le plan social. Sur le plan économique, nous avons commencé à voir les signes d'une reprise, » a estimé le chef du gouvernement. Le chef du gouvernement s'est dit « profondément déçu » par les tergiversations présidentielles assurant avoir signifié à de multiples reprises sa capacité et sa propension à assumer des décisions impopulaires. Le président sait pertinemment que j'étais prêt à endosser à sa place la responsabilité de certaines décisions et de certaines mesures. Or, malgré mon dévouement et mon engagement, il a préféré ne pas m'informer de sa décision, a conclu le chef du gouvernement.