Une rumeur a circulé, dernièrement, concernant une éventuelle démission de Mohamed Jgham du parti AlMoubadara AlWatania (L'Initiative Nationale) en raison d'un malentendu avec le président du parti Kamel Morjane sur une alliance envisagée avec Nidaa Tounès. La rumeur a même fait l'objet d'une annonce publiée par le quotidien de langue arabe Ach-Chourouk, ce que M. Jgham n'a pas manqué de démentir le jour même. Comme nous l'avions évoqué précédemment, ici même, le balancement au sein de l'Initiative sur l'opportunité d'un ralliement au Nidaa est un fait incontestable et il a provoqué une série de réunions de diverses natures et de dimensions variées, la plus importante étant celle ayant eu lieu il y a un peu plus d'une semaine sur une invitation lancée par le président du parti par lettres recommandées et par un rappel au SMS le jour de la réunion. Cette réunion a vu courir tous les appelés qui attendaient des décisions « capitales », mais elle s'est déroulée pratiquement sans ordre du jour et a été meublée essentiellement par l'idée du président du parti de préparer un plan de sauvetage national. Finalement, une échéance a été retenue pour ce projet, le 15 octobre, et une promesse donnée de renforcer le parti par de nouvelles recrues, dont d'anciens ministres. La déception était grande pour certains, parmi lesquels M. Jgham sans doute qui aurait souligné l'inutilité de ce qui était entrepris et la nécessité de forcer la démarche vers des solutions radicales. Ce serait, semble-t-il, dans cette atmosphère que certains déçus auraient provoqué une brève dans le journal indiqué. Nos sources, dignes de foi, nous assurent que si le malaise existe au sein du parti, il est pratiquement hors de question d'envisager une rupture de ban de M. Jgham, contraire à la volonté de K. Morjane. C'est que la relation entre les deux hommes semble se situer au-delà de toute opportunité politique, surtout du côté du premier qui n'aurait pas d'ambition politique et n'accepterait pas d'importuner, même pour un brin, le second. Pour certains responsables et militants du parti, cela est certes à son honneur sur le plan éthique ; mais cela est un défaut majeur sur le plan politique. En fait, il n'y aurait pas que cela. Pour Mohamed Jgham, selon ses propos après une rencontre informelle avec Abdelmajid Sahraoui, en présence surtout de Abderrazak Chraët et de Nizar Ben Saad, il y a de plus en plus une appréhension certaine quand à une fusion précipitée et peu raisonnée avec Nidaa, en raison justement d'une division interne au sein de ce parti en deux grands clans symboliquement représentés par Mohsen Marzouk d'un côté et Hafedh Caïed Essebsi de l'autre. Et si les Destouriens n'étaient qu'une carte que chaque clan chercherait à exploiter pour renforcer ses rangs en vue de la bataille interne qui devrait se conclure dans le Congrès ? Il y aurait même de la suspicion quant à une déclaration du cernier « Conseil du Nidaa » à Hammamet liant le droit à l'élection et à l'éligibilité dans le prochain congrès du parti au fait d'être adhérent en 2013, 2014 et 2015. Une condition qui constitue un obstacle certain devant toute nouvelle adhésion au parti. Devant tous ces aléas, Mohamed Jgham tempère et appelle à la fois au renforcement de la base de son parti, de fait largement affectée, et au rapprochement des différentes factions de la « famille destourienne » qui ne semble avoir gardé de la notion de famille que le nom. Il ne ferme pas la porte à la négociation et ne rompt pas les ponts avec le Nidaa, avec l'un et l'autre clan en son sein, mais il paraît de plus en plus convaincu, même s'il ne le dit pas dans ces termes, que l'idée de fusion avec le Nidaa est repoussée au calendre grec.