Une simple insertion du droit environnemental dans la Constitution ne sera pas suffisante si les conditions de base d'un Etat démocratique et décentralisé garantissant les droits fondamentaux du citoyen ne sont pas réunies, notamment le droit d'accéder à l'information et le droit de participer aux choix et décisions publiques de développement, a déclaré Mounir Majdoub, président de l'Association Alternatives'' et coordinateur du Groupe Eco-Constitution. En vérité, les experts du groupe Eco-Constitution et du Réseau associatif pour la nature et le développement en Tunisie (RANDET) viennent de formuler trois importantes propositions pour l'ANC: - Au niveau du préambule de la Constitution: mentionner explicitement les principes d'un développement économique, social et environnemental équilibré et la protection de la nature dans toutes ses composantes. - Au niveau du chapitre relatif aux droits et libertés: ils proposent que toute personne a droit à un environnement sain et équilibré et a le devoir de le protéger, que tout citoyen a le droit d'accéder à l'information environnementale et de participer à la prise de décision concernant les politiques, les programmes et les projets ayant des impacts sur l'environnement et que tout individu a le droit d'ester en justice pour défendre lesdits droits. - Au niveau des institutions constitutionnelles: ils proposent la création d'un conseil supérieur du développement durable, qui évalue et oriente les politiques publiques en vue de la réalisation des objectifs du développement durable. La question doit être prise au sérieux car, les spécialistes et les activistes environnementaux avertissent que l'on assiste aujourd'hui à des décalages importants entre le développement et l'environnement, matérialisés essentiellement par une surexploitation des ressources naturelles, une pollution de plusieurs milieux continentaux et marins, une littoralisation intense du pays et une qualité de vie en milieu urbain souvent insatisfaisante. Après le 14 janvier, cela ne va pas mieux, vu la prolifération des constructions anarchiques, l'occupation incontrôlée du domaine public maritime, un saccage et une détérioration des parcs et aires protégées, une exploitation abusive des ressources naturelles particulièrement les eaux, les forêts, les ressources halieutiques et la biodiversité, une gestion inappropriée des déchets ménagers, industriels et spéciaux et des défaillances au niveau du traitement des eaux usées urbaines et particulièrement industrielles... Une question très grave énoncée très simplement: Il ne fait plus de doute que les choix de modèles de développement, privilégiant les considérations socio-économiques sans intégration réelle et efficace des impératifs de l'environnement, associés à une gouvernance caractérisée particulièrement par la prédominance de l'approche sectorielle, la centralisation du pouvoir, la marginalisation de la société civile et la quasi généralisation de la corruption sont à l'origine de la défaillance environnementale observée au cours des dernières décennies en Tunisie!