La Cour des comptes a présenté, mardi 10 novembre 2020, en détail les résultats de contrôle des dernières élections présidentielle et législatives (2019). Fadhila Karkouri, présidente de la Cour des comptes, a fait savoir que plusieurs infractions au décret 87 de 2011 et dépassements avaient été relevés. Elle a signalé, dans ce sens, que les rapports d'investigation avaient été conclus pour 203 listes au total et que 107 injonctions préliminaires avaient été, déjà, émises.
Elle a d'abord noté une hausse des ressources financières mobilisées pendant le premier tour de la présidentielle et des législatives de 2019 en comparaison avec les élections précédentes. A titre d'exemple, elle a indiqué que le coût d'une seule voix pour le candidat Kaïs Saïed était en moyenne de 0,030 dinar et de 40 dinars pour Mohsen Marzouk. En termes de transparence financière, elle a affirmé que huit candidats à la présidentielle et 23 listes candidates aux législatives n'avaient pas procédé au dépôt des extraits de leurs comptes et que 234 autres listes n'avaient pas déposé leurs comptes dans les délais prescrits. Fadhila Karkouri a signalé, à titre d'exemple, que Hatem Boulabiar avait déposé un compte sur lequel ne figurait aucun mouvement. “Il a présenté un compte avec zéro dépense et zéro revenu, alors qu'il avait lui-même déclaré dans plusieurs médias que les activités organisées pendant sa campagne lui avaient coûté plus d'un million de dinars”. Elle a assuré, également, que plusieurs candidats n'avaient pas déclaré certaines activités organisées et les dépenses y afférentes. Côté législatives, seize listes n'ont pas déclaré leurs activités, 51 n'ont pas déposé d'argent sur leurs comptes et 17 n'ont pas déclaré les détails des mouvements sur leurs comptes, selon la présidente de la Cour des comptes.
Fadhila Karkouri est revenue, également, sur les sources de financement des campagnes électorales. Elle a fait savoir que plusieurs opérations de financement étaient douteuses. Certaines parties ont, selon la Cour des comptes, reçu des donations d'entités morales, des financements de la part d'associations (dont la nature n'a pas été précisée) et utilisé des ressources publiques. “La plus grande particularité reste le recours à des collaborations avec des entités étrangères et l'utilisation des réseaux sociaux, notamment Facebook”. Elle a évoqué, dans ce sens, le contrat que Nabil Karoui avait conclu avec une compagnie étrangère pour un montant total de 2,85 millions de dinars. Elle a avancé que la Cour des comptes avait confirmé le règlement d'une partie du montant dû (427,5 mille dinars) depuis un compte au nom de l'épouse du candidat et non déclaré auprès de la Banque centrale. La présidente de la Cour des comptes a ajouté, dans ce même contexte, que le mouvement Ennadha avait également conclu un contrat similaire avec une entité étrangère depuis les législatives de 2014. Ce contrat est resté en vigueur et le parti a réglé la somme de 187.215 dollars. Olfa Terras de 3ich Tounsi a, elle, aussi conclu un contrat d'une valeur de 15 mille dollars. Fadhila Karkouri a déploré, par ailleurs, le recours à la publicité politique sur les réseaux sociaux y compris pendant le jour du silence électoral.