Le député du mouvement Ennahdha, Noureddine Bhiri, a été l'invité de Hatem Ben Amara dans l'émission « Yaoum Saïd » du vendredi 13 novembre 2020 sur la radio nationale. Il est revenu sur plusieurs sujets, notamment les tiraillements au sein d'Ennahdha, le rapport de la Cour des comptes sur les élections de 2019, et la situation épidémiologique du pays. Il a réitéré que le dialogue au sein d'Ennahdha sur la présidence de Rached Ghannouchi et la tenue du Congrès du parti était tout à fait sain, « même si des fois il s'accentue et déborde pour aller dans les médias ». Il a fait savoir, dans ce sens, que les membres du parti tenaient à ce que le Congrès se déroule comme prévu au mois de décembre notant qu'il n'y avait aucune raison de le reporter. Interpellé sur l'initiative appelant à séparer le rôle de leader du parti de celui de président du parti, il a avancé que le président d'Ennahdha ne pouvait « ne pas être leader » rappelant que Rached Ghannouchi était un leader régional depuis des années déjà. Il a soutenu dans ce sens qu'en termes de grandes personnalités, il ne restait à la Tunisie – après Béji Caïd Essebsi et Nidaa Tounes qui s'est dispersé – que Rached Ghannouchi et son parti, Ennahdha. Au sujet du retour de Hammadi Jebali et autres anciens membres au parti, il a assuré que cela était plutôt dans une logique d'unir et réunir Ennahdha, « colonne vertébrale de la transition démocratique en Tunisie ». « Toucher à l'unité du parti et l'affaiblir menacent l'unité du pays. Nous avons déjà perdu un gros calibre qu'est Béji Caïd Essebsi et un grand parti qu'est Nidaa Tounes. Perdre Ennahdha, c'est donc perdre la Tunisie », a-t-il ajouté Interrogé sur la présence de tensions entre le président du Parlement, Rached Ghannouchi, et le président de la République, Kaïs Saïed, le député d'Ennahdha a nié catégoriquement qu'il y ait concurrence entre les deux présidences. A son sens, les rumeurs sur un éventuel conflit entre Rached Ghannouchi et Kaïs Saïed ne sont que l'œuvre de certaines parties qui veulent embraser le pays. Au sujet du rapport de la Cour des comptes sur les élections présidentielle et législatives de 2019, il a rappelé le rôle d'Ennahdha – majoritaire à l'Assemblée nationale constituante – dans la construction d'une justice indépendante et équitable par l'instauration d'instiutions telles que la Cour des comptes et le Conseil supérieur de la magistrature. « Nous restons convaincus que le pays a besoin de démocratie, de développement et de richesse. Des choses que nous ne pouvons construire en l'absence d'une justice indépendante et d'un contrôle financier rigoureux », a indiqué, Noureddine Bhiri. « Personne n'est au-dessus de la loi. D'ailleurs nous avons salué les efforts de la Cour des comptes. Cela dit, celui qui est accusé de quelque chose, il a tout de même le droit de répondre », a-t-il ajouté avant de démentir les accusations de la Cour des comptes assurant qu'Ennahdha n'avait commis aucun dépassement durant les législatives de 2019. La Cour des comptes a, rappelons-le, signalé qu'Ennahdha avait signé un contrat avec une agence d'influence étrangère en 2014 et que ce contrat est resté en vigueur jusqu'à 2019. Pour ce qui est de l'évolution de la situation épidémiologique du pays, Noureddine Bhiri a rappelé qu'il avait appelé à l'ouverture d'une enquête pour identifier les parties responsables de la décision de réouverture des frontières sans prendre les mesures d'accompagnement nécessaires et le passage de certains pays « amis » de la liste rouge à la liste verte. « C'était une grosse erreur », a-t-il lancé. Il a appelé, dans ce sens, les propriétaires des cliniques privées à assumer leurs responsabilités face à la gravité de la situation sanitaire soulignant que cette pandémie n'était guère une occasion pour s'enrichir.