Le président de la chambre syndicale des cliniques privées, Boubaker Zakhama, est intervenu ce matin du 16 novembre 2020, sur les ondes de la Radio nationale pour revenir sur l'affaire de la juge décédée du Covid-19 car son mari n'avait pas pu donner un chèque de garantie pour la faire admettre dans une clinique privée. « L'époux de la malade, constatant que l'état de santé de sa défunte épouse se détériorait après une première hospitalisation, a décidé de l'emmener à l'hôpital de Nabeul. Il n'était pas satisfait de sa prise en charge là-bas alors il a décidé de la faire admettre dans une clinique privée. La clinique a demandé une avance de 5 000dt et un chèque de garantie mais entretemps la malade était prise en charge en salle de déchocage, la clinique n'a pas refusé de l'admettre et l'a prise en charge en urgence » a indiqué M. Zakhama.
Il a assuré que la famille de la défunte a décidé de son propre chef de transférer la malade à l'hôpital militaire et qu'elle est restée en contact avec le médecin de la clinique et l'a sollicité à plusieurs reprises.
« Pour ce qui est du chèque, il ne s'agit pas vraiment d'une garantie mais d'une avance. Son montant varie selon les soins que doit recevoir le malade, il n'est pas le même évidemment pour quelqu'un qui vient se faire opérer et quelqu'un qui est admis en réanimation. Il faut savoir que les soins en réanimation coûtent cher mais pas qu'en Tunisie. En Europe ils sont de l'ordre de 3 000 euros, ici, on est dans une moyenne de 2 000dt la journée ce qui est en soi un exploit, vu que nous sommes les champions en matière de compression des coûts. On demande cette avance parce que la clinique doit désormais payer ses fournisseurs au comptant et la facture d'une clinique est d'ailleurs toujours détaillée et justifiée, en gros cet argent va être dépensé pour le malade. Cette affaire a été soulevée car les gens ne connaissent pas réellement les coûts des services de réanimation qui sont en effet très chers. Seuls 30% de la facture vont à la clinique, le reste est en réalité dépensé pour les médicaments et différents équipements nécessaires pour soigner le malade. Les factures en réanimation peuvent atteindre les 90 000dt car nous ne regardons pas à la dépense quand il s'agit de sauver des vies » a-t-il poursuivi.
Le président de la chambre syndicale des cliniques privées a ajouté que la déclaration du chef du gouvernement, Hichem Mechichi, de mobiliser les cliniques privées pour soutenir le secteur public s'il venait à atteindre le maximum de sa capacité d'accueil n'a pas encore été activée.
« Je tiens à souligner qu'il s'agit d'une déclaration et non d'une loi. Après cette déclaration nous nous sommes réunis et avons décidé d'allouer 20% de la capacité des cliniques et la moitié de leurs lits de réanimation pour les patients Covid+. En ce moment les hôpitaux publics sont encore en train d'accueillir des malades et nous n'avons pas encore été sollicités. Nous nous y sommes préparés et ferons le nécessaire pour collaborer avec le gouvernement. Entre temps ceux qui se font admettre dans les cliniques en ce moment le font spontanément et non par nécessité » a-t-il affirmé.
Rappelons qu'une source familiale affirme à Business News que l'époux a transporté sa femme en urgence à la clinique et que l'administration lui a demandé un chèque de garantie. Sauf que le monsieur n'avait pas son chéquier. Il a présenté la carte professionnelle de son épouse et c'est là que la clinique a décidé de l'admettre. L'état de la patiente ne s'améliorant pas, la famille, qui ne pouvait assumer la facture, a dû batailler pour trouver un lit de réanimation à l'hôpital militaire.
L'Association des magistrats tunisiens a fait savoir, vendredi 13 novembre, que le procureur général près de la Cour d'Appel de Nabeul avait ordonné l'ouverture d'une information judiciaire pour non-assistance légale contre la clinique ayant exigé un chèque de garantie de 30.000 dinars pour admettre la juge atteinte du Covi-19 et qui a fini par succomber à la maladie.