Mounir Ksiksi, président de la commission nationale de lutte contre le terrorisme (CNLCT) était l'invité ce vendredi 8 janvier 2021 de la matinale de Diwan FM. Il a notamment abordé la récente affaire du limogeage du ministre de l'Intérieur, Taoufik Charfeddine. M. Ksiksi n'a pas souhaité s'étaler sur le sujet mais a souligné qu'il est tout à fait absurde qu'une affaire de mutations de cadres sécuritaires devienne une affaire publique et prenne de telles proportions.
« C'est un évènement tout ce qu'il y a de plus banal, des mutations par dizaines peuvent avoir lieu et ont déjà eu lieu et cela n'affecte en rien la vie des Tunisiens, ni le déroulement du travail de l'institution sécuritaire. Qu'il y ait eu une erreur en termes de coordination, peut-être, mais les proportions qu'a pris l'affaire sont injustifiées. Ces mutations concernent des administratifs et même pas des hommes de terrain » a-t-il expliqué.
Mounir Ksiksi a indiqué qu'il est tout à fait normal qu'il puisse y avoir des différends entre le chef du gouvernement et son ministre sur certaines nominations mais que la coordination est primordiale dans ce genre de situation, affirmant qu'il ne sait pas ce qui s'est exactement passé entre Hichem Mechichi et Taoufik Charfeddine. A lire également Hichem Mechichi : Je ferai face à toute tentative de perturbation au sein du ministère de l'Intérieur
Par ailleurs, Mounir Ksiksi a tenu à préciser que les prérogatives sont moins importantes que les responsabilités. La première responsabilité est la coordination et les tiraillements n'ont pas leur place dans l'institution sécuritaire et ne doivent pas influencer son travail, a-t-il dit. « Lorsque j'occupais le poste de commandant de la Garde nationale, la présidence – du temps de Moncef Marzouki – m'avait ordonné d'exécuter un mandat d'amener à l'encontre de l'homme d'affaires Kamel Letaief. L'ordre a été donné de façon inhabituelle et nous n'étions pas habilités à l'exécuter. Pour ce genre de cas, c'est avec le ministère public qu'il faut coordonner et non avec la présidence. Je me suis attaché à appliquer la loi, j'ai coordonné avec le juge d'instruction et je n'ai exécuté le mandat qu'ainsi. Il faut s'en tenir à la loi, si on la respecte scrupuleusement, personne ne peut intervenir ni nous imposer quoi que ce soit » a-t-il révélé.
Pour ce qui est du rapport de la CNLCT, son premier apport d'activité, il a précisé qu'il contient un bilan de son étape de construction et de création ainsi que des recommandations.
« Nous avons demandé au chef de l'Etat, quand toutes les parties concernées auront examiné le rapport bien entendu, de le soumettre au Conseil de sécurité nationale et de faire en sorte que certaines recommandations soient adoptées et appliquées » a confié M. Ksiksi, précisant que ces recommandations concernent notamment le secteur du renseignement.
Il a également affirmé que le terrorisme est encore une menace en Tunisie et qu'il faudrait changer de stratégie pour ce qui est de la gestion des montagnes de Kasserine. « Ce qui m'inquiète le plus ce sont les terroristes qui sont à nos portes aux frontières libyennes, qui sont entrainés au combat et auxquels nous devons accorder la plus haute importance » a-t-il conclu.