Des signes avant-coureurs révèlent de nouvelles tendances : la société tunisienne opère des changements continus. La confirmation nous est donnée : ralentissement de la croissance démographique, renversement du rapport de masculinité, avec plus de femmes que d'hommes, recul de l'âge du mariage, baisse de l'indice de fécondité, vieillissement de la population, et diminution de la population en âge de travailler. Le recensement général de la population et de l'habitat (Rgph 2024) livre, en effet, des indicateurs significatifs. Qu'il s'agisse de changements importants au niveau de la pyramide des âges ou de la baisse du taux des jeunes de moins de 15 ans, ou encore des mutations du modèle de nuptialité, caractérisé par des taux de célibat élevés, à 10,3% pour les hommes et 11,3% pour les femmes dans le groupe d'âge 45-49 ans : autant de signaux qui suscitent interrogations. D'abord, il s'agit de comprendre ces facteurs démographiques et leurs conséquences. Mais aussi de favoriser un débat national sur les politiques publiques appropriées à mettre en œuvre, à la lumière de différentes expériences menées dans des pays connaissant des situations similaires ou proches. Si certaines tendances sont générales, dépassant le simple cadre de la Tunisie, et relevant beaucoup plus d'un nouveau mode de vie, d'autres peuvent bénéficier d'un effort de redressement de la part des pouvoirs publics. C'est le cas notamment des programmes en faveur de la jeunesse ou de la réduction des écarts entre les générations et le maintien en activité, au-delà de l'exercice professionnel de carrière. Dans l'amorce de ce débat essentiel, l'analyse d'un expert démographe est éclairante. Hafedh Chekir, qui a longtemps exercé au sein de l'Unfpa, est bien indiqué pour nous livrer sa lecture mais aussi ses recommandations.