Le doyen de l'Ordre des ingénieurs tunisiens, Kamel Sahnoun, a été l'invité de Hatem Ben Amara dans l'émission Yaoum Saïd du lundi 5 avril 2021. Il est revenu sur la grève ouverte non-présentielle des ingénieurs du service public. Notant que cette action de protestation intervient en réaction aux tergiversations du gouvernement quant à l'application de l'accord du 29 décembre 2020 portant sur les augmentations des salaires des ingénieurs du service public, M. Sahnoun a fait savoir qu'une plainte avait été présentée au Tribunal administratif afin d'obliger le chef du gouvernement à mettre en œuvre ledit accord.
« Nous n'avions d'autres choix que d'aller dans l'escalade. Nous avons organisé un sit-in le 18 mars et on a été reçus par la présidence du gouvernement pour nous assurer que le chef du gouvernement n'est pas revenu sur l'accord signé. Rien n'a, cependant, été fait. C'est alors que nous avons décidé la grève de cinq jours du 29 mars au 2 avril. Rien n'a été fait non plus. Face à cette indolence, nous avons décidé d'engager la deuxième phase de notre grève », a expliqué le doyen de l'Ordre des ingénieurs tunisiens notant que les secteurs vitaux restent opérationnels.
Kamel Sahnoun a précisé, également, que l'Ordre des ingénieurs avait reçu fin mars une correspondance de la présidence du gouvernement spécifiant d'une part que les augmentations mentionnées dans l'accord ne seraient pas versées en totalité et d'autre part que seules quelques entreprises les appliqueraient.
« Cela est intolérable surtout que pour verser ces augmentations les entreprises concernées puiseront dans leur trésorerie et non dans le budget de l'Etat », a avancé Kamel Sahnoun ajoutant que l'accord porte sur des augmentations de 450 dinars en brut pour les ingénieurs principaux, 550 dinars pour les ingénieurs en chef et 750 pour les ingénieurs généraux.
« L'incidence financière d'une journée de grève est bien plus grande. Ce que nous avons demandé n'est rien en comparaison avec les augmentations accordées aux juges et aux enseignants universitaires », a-t-il indiqué avant d'ajouter que les ingénieurs du service public n'ont touché aucune augmentation depuis la Révolution sauf celle de la fonction publique.
Rappelant le coût de la formation d'un ingénieur pour l'Etat, Kamel Sahnoun a affirmé que les salaires de « cette élite » étaient compris entre 1500 et 1700 dinars par mois, ce qui est loin de leur assurer une vie digne compte tenu de la chute du pouvoir d'achat en Tunisie depuis la Révolution.