En pleine pandémie, le ministre de la Santé a décidé de couper court aux avis scientifiques contradictoires et de ne pas permettre au public de connaitre les nouveaux travaux de recherche, en limitant l'intervention des médecins dans les médias. Dans une note signée par le ministre de la Santé Faouzi Mehdi, datant du 16 avril, et adressée aux professionnels de la santé, « toute intervention dans les médias ou à travers des publications sur les réseaux sociaux, devra désormais faire l'objet d'une autorisation du ministère, pour les agents et cadres non autorisés. Toute infraction sera passible de sanctions disciplinaires et légales ».
Ainsi le ministère présente en détail les professionnels de la santé autorisés à s'exprimer au public, à savoir - Nissaf Ben Alaya et les membres du comité Covid pour tout ce qui concerne les mesures préventives et la situation épidémique ; - Hechmi Louzir, Ahlem Gzaza, Riadh Daghfous et Inès Ayadi au sujet de la campagne nationale de vaccination ; - Les directeurs généraux de la santé pour la situation dans les régions ; - Le responsable de la direction de la prévention régionale pour s'exprimer sur les mesures préventives dans les régions ; - Les directeurs généraux des établissements hospitaliers et des structures de santé publique au sujet de la situation de ces établissements placés sous la tutelle du ministère ; - Les chefs de service des services hospitaliers pour évoquer la situation dans leurs établissements.
Ainsi, tout professionnel de la santé, ne figurant pas sur cette liste, ne sera pas autorisé à s'exprimer dans les médias et à éclairer le public en ces temps difficiles de pandémie.
Une décision déjà critiquée par les professionnels du milieu. L'ancien ministre de la Santé Said Aidi a exprimé sa colère en écrivant ce matin sur sa page Facebook : "A défaut de gérer correctement la pandémie, on casse le thermomètre pour supprimer la fièvre. Les vieux réflexes ont la vie dure !". Le 16 avril, l'animateur Anis Morai a été suspendu de l'antenne par Radio Tunis chaîne internationale (RTCI) après un incident avec Samar Samoud, professeur hospitalier d'immunologie à l'Institut Pasteur. La radio réagissait au « ton agressif et désobligeant de l'animateur envers son invitée », dans l'émission « dans le vif du sujet » du jeudi 15 avril. Le journaliste s'est, en effet, montré humiliant envers son invitée l'accusant de « tenir des propos dangereux », alors que celle-ci essayait d'expliquer davantage son propos au sujet de l'efficacité des vaccins en général et ceux développés par la Chine, en particulier.