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Note de lecture : Une Reine sans royaume, de Hella Feki
Publié dans Leaders le 30 - 12 - 2025

Par Meriem Ben Mansour - Avec Une Reine sans royaume, récemment paru aux éditions JC Lattès à Paris, Hella Feki signe son deuxième roman après Noces de Jasmin publié en 2020. Elle redonne chair et voix à une figure peu connue, parce qu'en marge des récits historiques et littéraires : Ranavalona III, dernière reine de Madagascar. Destituée lors de la conquête française menée par le général Gallieni, elle était restée arrachée à son royaume. Elle sera cependant privée de souveraineté et contrainte à l'exil, d'abord sur l'ile de la Réunion puis en Algérie.
«L'exil, écrit-elle, était ce voyage contraint, sans retour. Plus les racines sont ancrées, fortes, lointaines, plus l'ouverture au monde est vertigineuse.» Comme si la colonisation ne se contentait pas de confisquer le pouvoir politique, mais s'acharnait aussi à briser l'intime.
Mais l'année 1907 marquera un tournant et constituera une sorte de parenthèse enchantée dans sa vie de proscrite. Invitée à Tunis à l'occasion d'un festival de théâtre dans les ruines de Carthage, elle y trouvera alors un lieu de reconstruction symbolique en tant que reine. Ranavalona y rencontre un univers féminin vibrant, celui des salons littéraires et intellectuels, sous l'égide de femmes d'influence comme Lalla Baya Qmar, et de la princesse égyptienne Nazli. Ainsi, ces espaces deviennent des lieux qui réinventent une autre forme de pouvoir : celui de la culture, de la parole, de la sociabilité. Ranavalona découvre un autre visage de la souveraineté féminine : ces femmes, privées d'héritiers comme elle, blessées par l'exil ou la fragilité des temps, inventent d'autres manières d'habiter le monde. Elles tiennent salon, lisent, discutent, accueillent les artistes et les diplomates, participent aux circulations des idées entre Orient et Occident. Elles incarnent ce Tunis cosmopolite, traversé par les échanges culturels, où la féminité ne se réduit ni au silence ni à la décoration mondaine, mais devient espace d'intelligence, d'hospitalité et de rayonnement, ville laboratoire où se croisent diplomates, artistes, intellectuels de la Nahda arabe.
À travers Nazli et Lella Baya Qmar, l'autrice Hella Feki fait résonner autour de la reine exilée une sororité subtile, faite de regards, de paroles et de solidarité tacite. Toutes trois sont des femmes sans enfants, donc sans transmission biologique, mais elles inventent une autre forme de filiation : celle de la culture, de la mémoire, du geste d'accueillir et de penser.
Dans ce roman, la reine parle à la première personne. Elle reprend possession de sa voix, sinon de son royaume. Quelques phrases fortes sur l'exil traversent le texte — l'exil comme arrachement, mais aussi comme lucidité nouvelle ; l'exil comme blessure, mais aussi comme manière de continuer à être digne. C'est là la beauté du livre : même dépossédée de tout, Ranavalona demeure reine, non plus par le pouvoir, mais par la tenue, la retenue et l'intelligence.
Sans jamais céder à l'exotisme ni à la facilité romanesque, Hella Feki mêle avec finesse faits historiques et imagination, donnant une chair sensible à l'Histoire, ainsi aux photographes Rudolph Lehnert et Ernest Landrock qui participent à la fabrication d'un imaginaire orientaliste codifié et destiné à la consommation européenne, s'opposent des voix engagées comme celle de Myriam Harry, écrivaine et journaliste, au regard lucide sur la situation coloniale des Tunisiens.
Le livre interroge aussi la valeur du témoignage — même lorsqu'il emprunte la forme de la fiction : la démarche de l'autrice est de dire l'Histoire autrement, en lui restituant une profondeur humaine: «L'Histoire est témoin des époques, la fiction est lumière de la vérité.» Une Reine sans royaume n'est donc pas seulement un roman historique: c'est un texte sur la mémoire coloniale, sur la souveraineté intérieure et sur ces trajectoires féminines qui relient Madagascar, l'Algérie, la Tunisie et la Méditerranée. Même sans royaume, Ranavalona demeure reine — par la dignité, par la mémoire, par la parole retrouvée.


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