Pour attaquer ses adversaires politiques, il est arrivé au régime de Ben Ali d'utiliser de basses méthodes, comme de les filmer avec leurs maîtresses (ou leurs amants) et de faire fuiter l'information dans des tabloïds prêts à publier ce qu'ils appelaient « scandales sexuels ». Les journaux Les Annonces et Al Hadath étaient spécialisés en la matière. La célèbre cassette de Ali Laârayedh filmée en prison, celle de Abdelfattah Mourou dans son étude ou encore les histoires de Taoufik Ben Brik sont encore dans les mémoires. Dix ans après la chute du régime Ben Ali, ces basses méthodes persistent et sont utilisées par les islamistes contre leurs opposants. Rassuré par le chef du gouvernement qu'il ne va pas exécuter le mandat d'amener émis contre lui, le député islamiste radical Rached Khiari joue exactement le rôle tenu jadis par les tabloïds et ce en multipliant les fuites. Parfois montées de toutes pièces comme le cas avec Maya Ksouri. Parfois des enregistrements effectués à l'insu des victimes comme le cas avec le député Mohamed Ammar et maintenant avec des photos et des conversations Facebook comme c'est le cas avec le député Fayçal Tebbini, dont des photos de nus ont été fuitées par Rached Khiari, le jour même de l'aïd. Le député islamiste radical utilise même des méthodes plus abjectes que celles de Ben Ali, puisqu'il diffuse les photos et les informations goutte à goutte tout en traitant le député de surnoms abjects et dégradants. Surnoms relayés immédiatement par d'autres islamistes radicaux comme Abdellatif Aloui. Objectif déclaré : on doit casser tous ceux qui s'opposent aux islamistes et cherchent à faire éjecter Rached Ghannouchi du perchoir de la présidence de l'assemblée. En parallèle de ces scandales sexuels, Rached Khiari poursuit ses injures quotidiennes contre le président de la République et sa cheffe de cabinet Nadya Akacha qu'il qualifie de traîtres à la nation. Véridiques ou mensongères, les publications de Rached Khiari sont fortement partagées par les islamistes qui estiment être dans leur bon droit d'attaquer ceux qu'ils appellent les ennemis de l'islam. Malgré le mandat d'amener émis contre lui, Hichem Mechichi se refuse d'arrêter Rached Khiari estimant qu'on ne peut pas arrêter un député bénéficiant d'une immunité parlementaire. Une lecture du droit qui est très loin de faire l'unanimité et qui n'entre pas dans les prérogatives de l'exécutif.