Invité de Boubaker Ben Akecha dans Midi Show du vendredi 21 mai 2021, le député Zied Laâdhari a fortement critiqué l'approche du ministre des Finances Ali Kooli et celle du gouvernement dans le traitement de la soumission de la Tunisie au programme d'aide du Fonds monétaire international (FMI). Il a signalé que le recours au FMI en dernier ressort et à la dernière minute était une erreur monumentale notant que le bailleur de fonds ne pourrait fournir de réponse aux sollicitations de la Tunisie qu'en novembre, alors que le pays est en totale paralysie. « Le FMI exige, aussi, que le programme qui devrait lui être soumis fasse l'objet d'un large consensus », a-t-il relevé précisant que ce n'était pas le cas du programme que le ministre des Finances avait emporté en urgence à Washington début mai. L'objection formulée par la Centrale syndicale en est, d'ailleurs, la preuve, selon M. Laâdhari.
Le secrétaire général adjoint de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Sami Tahri a, rappelons-le, affirmé que l'UGTT n'avait pris part qu'à un seul round des concertations de Beit El Hekma et qu'elle n'avait pas été consultée sur les résultats de ces rencontres peaufinées sous forme d'un document « zéro ». Il a, également, accusé le ministre des Finances d'avoir fait le travail « dans une chambre noire » pour ensuite s'envoler à Washington avec un document élaboré « sans consensus ». Le secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi, a, lui, aussi, réaffirmé, il y a de cela quelques jours, que la Centrale syndicale n'avait aucune information quant au contenu du plan présenté au FMI.
En plus de la consultation des parties sociales, Zied Laâdhari a ajouté que le plan du gouvernement aurait dû être présenté en détails à l'opinion publique. Selon ses dires, le FMI exige, également, que ce type de programme fasse l'objet d'une large campagne de communication auprès des citoyens. « Il faut être dans une démarche participative. Ce programme ne peut être composé uniquement de simples décisions et mesures », a martelé le député. Dans ce même contexte, l'ancien ministre a soutenu l'importance d'une révision de fond en comble de la gouvernance et de la méthodologie de travail du gouvernement. « Quand un ministre arrive dans son bureau, tout est propre. Il n'a ni document stratégique, ni feuille de route à suivre (…) Si nous ne changeons pas de méthodologie de travail, de gouvernance et de coordination au sein de l'Etat, nous ne risquons pas d'aller loin », a-t-il avancé.
Zied Laâdhari a poursuivi en assurant que depuis juin 2019, l'Etat était en stagnation avec une machine de réalisation à l'arrêt et un exécutif paralysé. Interpellé sur les solutions concrètes à entreprendre pour sortir le pays de l'ornière, le député a souligné que le dialogue et un programme « où tout le monde présente des sacrifices » étaient la clé. Il a indiqué, par ailleurs, que le président de la République, Kaïs Saïed, devrait expliquer son approche et « dire ce qu'il veut » rappelant que le chef de l'Etat disposait d'une initiative au dialogue, celle présentée par l'UGTT et à laquelle aucune suite n'a été donnée depuis novembre 2020.