Au lendemain de l'annonce du président de la République Kaïs Saïed, qui a décidé, le 25 juillet de geler les travaux du Parlement et de prendre la tête de l'exécutif, le département d'Etat américain a fait part de son inquiétude et a indiqué « suivre de près les développements en Tunisie » soulignant qu'il « a été très clair en exhortant toutes les parties à éviter de prendre des mesures qui pourraient étouffer le discours démocratique ou conduire à la violence ». Les Etats-Unis, tout en affirmant qu'ils « continuent de se ranger du côté de la démocratie tunisienne », ont appelé la Tunisie à « ne pas gaspiller son acquis démocratique ». Le congressman américain, le républicain Joe Wilson, a adressé le 26 juillet au secrétaire d'Etat américain Antony Blinken Il lui demande de prendre une position plus ferme en Tunisie et de conditionner le soutien financier américain avec son respect de la démocratie.
Le conseiller à la sécurité nationale du président Joe Biden, Jake Sullivan a précisé, au cours d'une conversation téléphonique avec le président de la République Kaïs Saïed, que le président américain soutient amplement le peuple Tunisien ainsi que la démocratie tunisienne instaurée sur le respect des droits de l'Homme, la consolidation des institutions et l'Etat de droit. Jake Sullivan a estimé que le retour à la situation normale exige la clarification de nouveaux axes stratégiques accompagnée de la formation d'un gouvernement et la nomination de son nouveau chef dans les plus brefs délais pour continuer la transition démocratique inachevée.
Des sénateurs américains, Bob Menendez et Jim Risch, se sont dits hier, dans un communiqué conjoint « préoccupés par la tension et l'instabilité croissantes en Tunisie » appelant Kaïs Saïed à réaffirmer son engagement envers les principes démocratiques qui sous-tendent les relations américano-tunisiennes.
Il faut relever que selon le site du département américain de la justice, un nouveau contrat de lobbying a été conclu par « Ennahdha Party Diaspora » avec l'agence de communication et de relations publiques « Burson Cohn and Wolf », à la date du 29 juillet 2021 à Washington. L'objectif de l'agence est d'assurer la propagande politique au parti Ennahdha pour un montant qui s'élève à trente mille dollars. Des observateurs de la scène nationale tunisienne, se posent des questions depuis la révélation de l'affaire, notamment en ce qui concerne l'étendue de la campagne d'influence menée par le mouvement islamiste et son impact sur les médias et les sphères de pouvoir US. Il est indéniable que les journaux américains suivent de très près la situation en Tunisie, certains diront de trop près. Le propre du lobbying est de pousser d'une façon indirecte à ce que les milieux politiques et médiatiques s'intéressent à une situation toujours en faveur d'une partie. Dans le cas d'espèce, cela penche en faveur du mouvement islamiste et si on prend en considération le contrat signé par une entité écran d'Ennahdha avec BCW, le lien est vite établi.
La presse américaine continue de suivre de près l'actualité en Tunisie dix jours après les annonces du président de la République évoquant une crise, un coup d'Etat, de la peur, la répression et la mort de la démocratie tunisienne.