L'ancien président de l'Inlucc, Chawki Tabib, a déclaré, lors de son intervention ce mercredi 25 août 2021, sur Mosaïque FM, avoir été placé sous résidence surveillée sans avoir en sa possession aucune copie de la décision de justice le concernant. Il a souligné que la manière avec laquelle il a été traité est une forme de stigmatisation qui rappelle les pratiques de l'ère de la dictature, précisant que la vendetta menée par la présidence de la République à son encontre en lien avec la chute du gouvernement d'Elyes Fakhfakh n'est pas justifiée dans le sens où l'affaire était devenue publique avant même que l'Inlucc ne soit saisie.
« J'ai quitté l'Instance depuis plus d'un an et je vois pas de lien entre ma mise sous résidence surveillée et la fermeture de l'Inlucc. Les dossiers de l'Inlucc sont digitalisés et 90% des personnes qui nous apportaient des dossiers les ont aussi déjà déposé auprès de la justice et en gardent des copies, alors dire qu'on a détruit des dossiers n'a aucun sens. Si cela s'est passé, c'est un crime et une enquête doit être menée mais mettre une instance, avec ses données, sous la tutelle du ministère de l'Intérieur n'est pas normal. Il y a eu des fois où des documents ont fuité du ministère de l'Intérieur, est ce qu'il a été bouclé pour autant ? Il y a des enquêtes judiciaires et administratives qui sont menées etc. Mais là on veut me stigmatiser et porter atteinte à ma crédibilité avec des arguments qui n'ont aucune valeur » a poursuivi Chawki Tabib.
L'ancien président de l'Inlucc a souligné que la lutte contre la corruption n'est pas lutter contre quelques corrompus. « Nous ne sommes pas en train de faire face à tout le système alors que c'est cela qu'il faut faire. Les textes comportent des failles qui permettent aux corrompus de s'en tirer, il faut traiter le problème à la source sinon cela ne sert à rien. Si le président veut faire la guerre aux corrompus, dont moi-même s'il veut, c'est au système entier qu'il doit faire la guerre autrement il les rendra encore plus forts » a-t-il affirmé.
Chawki Tabib s'est dit victime d'une campagne lobbying et de corruption de l'intérieur même des institutions de l'Etat, et que des personnes ont été mandatées pour le diffamer dont le porte-parole de la Cour d'appel de Tunis, Habib Torkhani, qui a parlé de l'enquête ouverte à l'encontre de l'ancien président de l'Inlucc suite à une plainte déposée par la société VIVAN, pour suspicion de fraude et usage de faux.
« Dans ce pays, on piétine ta dignité et ton honneur et tu dois te défendre tout seul avant que la justice ne tranche, des années plus tard, sur ton affaire. En supposant, à tort, que je suis un corrompu, me mettre sous résidence surveillée avec huit policiers qui me sont dédiés, c'est cela la mauvaise gestion ! L'usage de faux, la fraude et tout ce dont on m'accuse, cela ne constitue en rien une menace sur la sûreté de l'Etat et ce qu'on m'inflige n'a donc aucun lieu d'être » a-t-il conclu.
L'ancien président de l'Inlucc avait annoncé avoir chargé un avocat pour soumettre des communications individuelles auprès du comité des Droits de l'Homme et du rapporteur spécial sur l'indépendance des juges et des avocats de l'ONU à Genève contre le chargé de la direction du ministère de l'Intérieur, Ridha Ghasallaoui et de toute personne impliquée pour disparition forcée.
Chawki Tabib assure qu'il a entamé cette procédure à la suite des dépassements commis à son encontre et face aux violations de ses droits civils et professionnels à cause d'une "décision injuste du ministre chargé de la direction du ministère de l'Intérieur, impliquant son assignation à résidence sans lui permettre de consulter une copie de ladite décision".
Rappelons que l'ancien président de l'Inlucc, Chawki Tabib a annoncé le 20 août 2021, qu'il avait été assigné à résidence. Chawki Tabib indique qu'une patrouille sécuritaire avait monté la garde devant son appartement depuis 22h30, précisant que le chef de la patrouille lui avait signifié que le chargé de la direction du ministère de l'Intérieur avait décidé de le placer en résidence surveillée.