L'ancien président de l'Assemblée nationale constituante, Mustapha Ben Jaâfar, s'est adressé, jeudi 30 septembre 2021, au président de la République, Kaïs Saïed, au sujet des mesures exceptionnelles annoncées depuis le 25 juillet. Dans une vidéo diffusée sur sa page Facebook, il s'est d'abord félicité de la nomination de Najla Bouden à la Kasbah pour la formation d'un nouveau gouvernement dans le cadre de l'initiative présidentielle du 25 juillet, notant que « sa mission ne sera pas facile ». Rappelant qu'il avait appelé à l'élection de Kaïs Saïed et qu'il considère le 25-Juillet comme étant une occasion pour rectifier la trajectoire de la Révolution, le politicien a assuré qu'il maintenait toujours son pari sur le chef de l'Etat. Il a, cependant, critiqué certaines des dispositions annoncées, notamment le décret présidentiel 117 du 22 septembre, et le manque de transparence du président de la République sur son plan d'action. Commentant la décision de Kaïs Saïed d'amender la Constitution de 2014, Mustapha Ben Jaâfar a déclaré : « Je veux rappeler que cette Constitution était une revendication populaire et a été élaborée suivant une démarche participative. Elle est venue après plusieurs épisodes de militantisme, d'assassinats, de sit-in et de dialogue nationale et a été adoptée avec 200 voix pour sur 216. Elle a été votée, entre autres, par Mongi Rahoui, Habib Ellouze, Maya Jribi, Mahrezia Laabidi, Ahmed Néjib Chebbi et Habib Khedher. Et je suis certain qui si nous l'avions présentée pour un référendum, elle aurait obtenu la confiance de 90% du peuple ». Il a réfuté, dans ce sens, les allégations du président de la République qui a signalé à plusieurs reprises que la Constitution avait fait l'objet d'un marchandage entre les partis politiques. « Au contraire ! Cela a été le cas après son adoption », a-t-il ajouté. Selon Mustapha Ben Jaâafar, la vague de rejet qu'a suscité le décret 117 était normale de par la concentration de tous les pouvoirs à Carthage et l'absence d'un contre-pouvoir capable d'exercer un contrôle sur les décisions du chef de l'Etat. « La Tunisie est aujourd'hui à la croisée des chemins. Le mieux est, à mon sens, de garantir la réussite du 25-Juillet, mais en faisant participer tous ceux qui croient vraiment en la nécessité de rectifier la trajectoire de la Révolution », a-t-il avancé soulignant que les craintes de Kaïs Saïed du dialogue et l'exclusion des intermédiaires et des partis politiques pourraient le bousculer dans l'isolement, « surtout si le responsable ne veut prêter oreille attentive qu'à ce qu'il lui plait ».