L'ancien ministre et président d'Afek Tounes, Fadhel Abdelkefi, a présenté sa lecture d'après le 25 juillet 2021. Pour lui, le chef de l'Etat aime la Tunisie mais a choisi un chemin erroné. Au micro d'Elyes Gharbi lors de son passage à l'émission Midi Show, le politicien a rappelé qu'au lendemain de l'annonce, Afek Tounes avait estimé que ce qui s'est passé est un « choc positif » et que le chef de l'Etat avait de bonnes intentions. Mais après le discours de Sidi Bouzid et la publication du décret 117, le parti pense que le chef de l'Etat est sorti du scénario qu'il attendait. Pour lui, ce qui est arrivé le 25 juillet pouvait déboucher sur une solution politique radicale : Kaïs Saïed aurait pu réunir, dans les dix jours qui ont suivi, les partis politiques et les organisations nationales pour établir un dialogue, discuter et sortir avec un calendrier et une feuille de route, mieux avec un consensus national autour du chef de l'Etat. Et d'estimer qu'après le 22 septembre dernier, le président de la République a dévié du processus de correction de la trajectoire entamé le 25 juillet 2021 et que la coalition politique, composée de Afek Tounes, Attayar, Ettakatol et Al Joumhouri, refuse l'individualisme de l'opinion et qu'une seule personne s'accapare tous les pouvoirs, et ceci quelle que soit la popularité de la personne ou ses bonnes intentions, empêchant tous recours et le tout sans limitation dans le temps de ses prérogatives.
M. Abdelkefi a profité pour exposer sa lecture du décret présidentiel N°117 : il s'agit d'un décret qui s'est positionné au-dessus de la Constitution tunisienne et le chef de l'Etat s'accapare seul le pouvoir. Autre point important, pour lui, le président de la République doit indiquer les parties qu'il qualifie de traitres, de vendus, de corrompus, et ils doivent être jugés impartialement. Il doit, en outre, s'asseoir autour d'une table avec le reste des partis politiques et avec les organisations nationales, pour discuter de la situation politique et parvenir à un calendrier et une feuille de route. Le politicien estime qu'à travers le décret 117, Kaïs Saïed a dissous le parlement sans le dire clairement. Et de souligner : « Nous sommes d'accord avec cette dissolution, mais le chef de l'Etat n'a pas voulu prendre ses responsabilités », en précisant que la coalition politique précitée refuse un accaparement des pouvoirs. Cette dernière est pour le dialogue, pour les réformes structurelles sur lesquelles on se mettrait d'accord et pour la dissolution du parlement.
Interrogé sur la légitimité du gouvernement de Najla Bouden, Fadhel Abdelkefi pense qu'il s'agit d'un « gouvernement de la réalité, qui manque de légitimité ». En outre, il a regretté que la première cheffe de gouvernement dans le monde arabe, soit nommée avec des prérogatives moindres que celles accordés aux autres chefs de gouvernement l'ayant devancée. « La symbolique est très positive mais c'est dommage qu'elle ait moins de prérogatives. Dans tous les cas, c'est le chef de l'Etat qui décide seul ! », a-t-il affirmé.