Le président de la République, Kaïs Saïed a prononcé un discours ce matin du lundi 11 octobre lors de la cérémonie d'annonce du nouveau gouvernement de Najla Bouden. « Il s'agit de moments historiques, difficiles certes mais historiques. Nous ferons face à des obstacles et de grands challenges mais je suis convaincu que nous réussirons à sortir ce pays - qui est assez grand pour tout le monde - de cette situation dans laquelle il s'est embourbé et de le sauver des crocs de ceux qui le guettent, de l'intérieur et de l'extérieur. Ceux qui pensent que les pouvoirs et les deniers publics sont un butin », a-t-il déclaré. Il ajoute : « nous passerons du désespoir à l'espoir et du défaitisme au labeur […] Ces dernières années ont été difficiles et marquées par de grandes peines et beaucoup de sang a été versé pour protéger l'Etat et ses institutions et son peuple ».
Le chef de l'Etat a répondu aux critiques émanant suite au retard enregistré dans l'annonce du gouvernement, affirmant que le gouvernement a été formé « plus vite que ce qu'ils pensent ». « Je n'ai pas voulu précipiter les choses ni les retarder. Le plus important n'est pas le gouvernement mais le système entier qui est en place depuis des dizaines d'années et qui est édifié de sorte que cette organisation perdure et serve les intérêts de certaines groupes de pression et d'un système dont le peuple voulait la chute ». Il ajoute : « Des critiques ont été formulées de l'étranger, de quel droit se mêlent-ils ? Nous ne sommes sous la coupe de personne, nous avons formé ce gouvernement car la constitution le dicte […] Certains pays fonctionnent uniquement avec des secrétaires d'Etat et la Tunisie est restée sans gouvernement jusqu'en 1969. ».
Kaïs Saïed a remercié, à cette occasion la cheffe du gouvernement Najla Bouden « d'avoir accepté cette mission dans des circonstances aussi difficiles » ainsi que tous les membres du gouvernement. « Il s'agit de la première femme cheffe de gouvernement dans le monde arabe, ceci est un honneur pour la femme tunisienne. En Tunisie, la femme n'est pas un simple produit de maquillage pour embellir les institutions ou les institutions parlementaires », a déclaré. Le chef de l'Etat n'a pas manqué, dans ce discours, de lancer de nouvelles alertes en affirmant : « Je mets en garde, après mes nombreuses mises en garde, contre ceux qui veulent s'attaquer aux institutions de l'Etat et nous ferons avorter leurs plans […] Nous ouvrirons tous les dossiers sans aucune exception, et sans traitement de faveur. Pas de place pour ceux qui veulent jouer avec le prestige de l'Etat et celui du peuple ! ».
Kaïs Saïed est venu muni de nombreuses photographies montrant les violences et le chaos qui régnaient à l'intérieur du parlement. « Ont-ils oublié ? Ont-ils la mémoire courte ? », a-t-il dit en brandissant ces images à l'assistance, expliquant qu'il avait pris les mesures du 25-Juillet comme « solution de derniers recours », après que « toutes [s]es tentatives d'apaisement aient été vaines ».