Abir Moussi, présidente du PDL se décide enfin à déposer plainte contre les députés islamistes radicaux Sahbi Smara et Seïf Eddine Makhlouf et ce plus de trois mois après l'agression physique dont elle a été victime sous l'hémicycle de l'assemblée. Dans une longue vidéo diffusée hier 11 octobre 2021, tard le soir, Mme Moussi s'est expliquée pourquoi elle n'a pas déposé tout de suite une plainte contre ses deux agresseurs. D'après elle, elle a déposé des dizaines de plaintes contre les islamistes et aucune d'elle n'a été suivie d'effet. Le jour de l'agression, le 30 juin, quand Sahbi Smara l'a giflée et Seïf Eddine Makhlouf lui a assené un coup de pied, elle était dans un sale état, ainsi que le jour suivant, l'empêchant de s'occuper de cela. Juste après, elle a été convoquée par une brigade de la garde nationale, suite à une plainte déposée par le président du parlement, Rached Ghannouchi, pour avoir empêché le déroulement normal des travaux de l'assemblée. Plutôt que de s'occuper de ses agresseurs, Abir Moussi a préféré s'occuper du procureur de la République qui n'a pas respecté l'article 68 de la Constitution et a donné suite à la plainte de Rached Ghannouchi. Elle est allée déposée plainte contre ce procureur et ce à l'inspection du ministère de la Justice.
Dans sa vidéo, Abir Moussi promet de déposer plainte dans les jours qui viennent contre Sahbi Smara et Seïf Eddine Makhlouf, mais également contre Rached Ghannouchi et Kaïs Saïed. Mme Moussi est bien remontée contre le président de la République qui a montré, hier matin, des photos de l'assemblée montrant le chaos qu'il y avait avant le 25 juillet. La présidente du PDL estime que le président l'a montrée comme étant l'instigatrice du chaos et des violences, alors qu'elle en était la victime. Montrant une à une ces photos, Abir Moussi a expliqué le contexte de chacune d'elle, rappelant qu'elle était à chaque fois une victime ou jouant son rôle de défenseure de la République et des institutions. Ainsi, par exemple, le cas de cette photo où l'on voyait le siège du président de l'assemblée porté par des députés. « Ce jour là, on voulait nommer des islamistes disciples de Kardhaoui à la cour constitutionnelle. Si ce n'était pas nous, il y aurait eu une cour constitutionnelle constituée par des intégristes et ils vous auraient éliminé de la présidence », a reproché Abir Moussi en s'adressant au président de la République. Elle lui reproche également d'avoir montré Samia Abbou secourue par les agents de la Protection civile, alors qu'elle a été également secourue par ces mêmes agents, sans que le président ne le montre ou ne le dise. « Le président a pris nos propres photos, il a violé notre copyright et il nous a montré dans la peau des violents, tout en prenant la défense de ses protégés d'Attayar. Depuis hier, les gens se moquent de nous à cause de ces photos décontextualisées et inexpliquées qu'il a montré. Il essaie de falsifier l'Histoire, mais on ne le laissera pas faire ! », a indiqué Mme Moussi en substance. Autre justification de la plainte qu'elle entend déposer contre Kaïs Saïed, le fait que le président ait admis être au courant, trois jours à l'avance, de l'agression qu'elle a subie. Elle s'interroge à ce propos pourquoi ne l'a-t-il pas protégée et pourquoi n'a-t-il pas donné de suite à ses nombreuses correspondances lui demandant de permettre à la garde présidentielle d'assurer sa sécurité.
Abir Moussi tiendra-t-elle parole et déposera-t-elle plainte contre le président, Sabhi Smara et Seïf Eddine Makhlouf ? On notera que Sahbi Smara n'a pas cessé d'injurier Abir Moussi, jusqu'il y a quelques jours, bien qu'elle n'ait pas déposé de plainte contre lui et qu'il soit théoriquement à sa merci. Le député islamiste doit, par ailleurs, affronter une autre affaire en justice et va comparaître en novembre devant la cour d'appel dans une affaire de fraude dans laquelle il a été condamné, en première instance, à quatre ans de prison ferme.