L'ancien ministre de la Santé et ancien dirigeant d'Ennahdha, Abdellatif Mekki, a dénoncé, mardi 9 novembre 2021, la politique du président de la République, Kaïs Saïed, et en particulier la volonté de celui-ci d'organiser un référendum national alors que certaines régions du pays sont le théâtre de tensions sociales. « Rien n'importe, poubelles, la perte d'un citoyen, tension politique, des entreprises paralysées, une monopolisation du pouvoir, division sociale, un discours violent, isolement… Ce qui importe c'est que nous allons vers un dialogue électronique et un référendum pour instaurer un régime politique chaotique. Jusqu'à quand ? Peu importe ! », a-t-il écrit sur son profil Facebook. Plus tôt en novembre, le président de la République a annoncé avoir chargé le ministère des Technologies de la communication de préparer un projet de référendum électronique. Ce référendum servirait d'outil de dialogue avec le peuple tunisien dans le cadre d'une démarche globale dont l'objectif est de mettre un terme à l'état d'exception. Il avait, alors, assuré que la Tunisie avait fait son entrée dans une phase nouvelle différente des précédentes. Or, à l'époque Sfax croulait sous des tonnes de déchets ménagers. La situation a vite dégénéré. En plus du désastre environnemental, le chaos s'est installé dans la ville d'Agareb depuis lundi, où la décharge qui cumulait les déchets du gouvernorat de Sfax a rouvert ses portes en dépit de la contestation des habitants. Des heurts ont, d'ailleurs, éclaté entre les forces de l'ordre et des manifestants. Sur le plan politique, l'opposition au projet de Kaïs Saïed se fait de plus en plus vive. Une nouvelle initiative née d'un groupement de politiciens, députés et figures nationales a annoncé, lundi, son programme pour contrer le projet du chef de l'Etat. Cette initiative dirigée par Jaouher Ben M'barek repose sur trois axes majeurs : des élections anticipées, un gouvernement de salut national et un dialogue inclusif. En dépit de la criticité de la situation, le président de la République a choisi de faire la sourde oreille en assurant que les difficultés ne sont qu'un catalyseur salvateur pour consolider la volonté politique. Sa solution de sortie de crise multidimensionnelle se résume, pour le moment, à un référendum pour dialoguer avec le peuple, et à piocher dans la poche des citoyens pour renflouer les caisses vides de l'Etat.