L'ancien ministre des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, a déclaré qu'il travaillait en harmonie avec le président de la République Béji Caïd Essebsi, mais pas avec le chef du gouvernement Youssef Chahed. « Le président Béji Caïd Essebsi et moi avons été initiés aux mêmes principes de la diplomatie et faisons partie de la même école fondée par le leader Habib Bourguiba », a-t-il expliqué. Invité le 13 novembre 2021 par la radio IFM, Khemais Jhinaoui a estimé, qu'après les élections anticipées de 2019, le chef du gouvernement Youssef Chahed a essayé de bloquer la communication entre le ministre et le président de la République. « Je crois que le chef du gouvernement voulait devenir ministre des Affaires étrangères… Je voulais rencontrer le président de la République afin de lui présenter un bilan de la situation… La démarche adoptée par le président ne correspondait pas à ma contribution à la diplomatie tunisienne… Finalement, c'est la Tunisie qui a perdu ! », a-t-il poursuivi. Au cours de la même déclaration, Khemais Jhinaoui a considéré que la situation de la Tunisie à l'internationale était floue. Il a affirmé que les partenaires de la Tunisie étaient confus. Ils s'interrogent sur les choix de la Tunisie. L'ancien ministre a déploré l'absence de communication avec les partenaires de la Tunisie au sein de l'Union européenne et de l'administration américaine. Il a rappelé que les leaders de celles-ci connaissaient bien la Tunisie et bon nombre d'entre eux l'avaient visité. « Il n'y a ni communication ni continuité dans ce qui avait été réalisé au niveau de la diplomatie tunisienne dans le passé… Actuellement, nous n'avons même pas idée du partenaire principal de la Tunisie. En même temps, il n'y a pas eu une approche claire pour rompre avec l'un de nos partenaires », a-t-il ajouté. Khemais Jhinaoui a considéré que la Tunisie devait envoyer un message clair et bien argumenté à ses partenaires. Ce message, selon lui, doit préciser que la Tunisie comptait préserver sa démocratie. Il a expliqué la réaction des partenaires et leur confusion par le silence et l'absence d'explication de la part de la Tunisie.
« Le président de la République est libre de qualifier les résolutions et audiences tenues par les partenaires étrangers comme bon lui semble... Néanmoins, il doit comprendre qu'il ne s'agit pas d'ingérence mais de partenariat… L'ingérence est l'intervention dans pays étrangers dans une nomination et dans la gestion quotidienne du pays et non-pas un partenaire exprimant sa confusion », a-t-il déclaré. Khemais Jhinaoui a estimé que la relation tuniso-américaine n'était pas complètement détruite. Il a appelé au rétablissement de la relation de confiance avec le gouvernement et le Sénat américains. Ce rétablissement de confiance, d'après la même déclaration, résulte des efforts de tous les acteurs concernés tels que la diplomatie Tunisienne, les médias et les hommes d'affaires. Par ailleurs, l'ancien ministre a considéré que les contrats de lobbying signés par le mouvement Ennahdha ne pouvaient pas influencer l'administration américaine. Ces contrats pourraient avoir un impact sur seulement un ou deux élus américain. Pour ce qui est du cabinet présidentiel, Khemais Jhinaoui a assuré qu'il comprenait l'élite tunisienne en matière de diplomatie. Il a affirmé que les problèmes ne résultaient pas des personnes mais de la politique adoptée. Au sujet de la crise algéro-marocaine, l'ancien ministre a estimé que la Tunisie aurait dû jouer le rôle de médiateur et rapprocher les points de vue. « Je ne comprends pas les raisons de l'abstention de la Tunisie lors du vote, le 30 octobre, sur le texte de la résolution sur le Sahara présenté par les Etats-Unis. Ce choix n'est pas suffisant pour les Algériens et a, gratuitement, provoqué la colère du Maroc », a-t-il critiqué. Quant aux accusations de normalisation avec l'entité sioniste, Khemais Jhinaoui a rappelé qu'il avait été nommé à la tête de la représentation de la Tunisie à Tel Aviv. « J'ai suivi les instructions de mes supérieurs hiérarchiques et j'ai été assigné afin de contribuer aux efforts de maintien de la paix », a-t-il ajouté. « Je ne comprends toujours pas l'absence de soutien de la part des autorités tunisiennes dans ma nomination en tant que représentant permanent de l'ONU en Libye. J'avais informé le gouvernement tunisien de ma candidature. La Tunisie a raté une occasion pour être au cœur de la situation en Libye », a-t-il déploré.