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Comment Kaïs Saïed essaye de rouler Antony Blinken dans la farine
Publié dans Business News le 22 - 11 - 2021

Le compte-rendu de l'entretien téléphonique qui a eu lieu samedi soir entre le président Kaïs Saïed et le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, est bourré de contrevérités. Soit le président de la République croit à son propre mensonge, soit il pense que son interlocuteur est un idiot capable de gober tout ce qu'on lui raconte.

- Au début de cet entretien, le chef de l'Etat a appelé le secrétaire d'Etat américain à transmettre au président américain ses vœux de prompt rétablissement suite au malaise qu'il avait eu ces derniers jours.
Faux, Joe Biden n'a eu aucun malaise ces derniers jours. Il a subi une coloscopie de routine, lors de sa visite médicale annuelle. Vu que cette coloscopie exige une anesthésie générale, il a dû transférer son pouvoir à sa vice-présidente Kamala Harris, le temps de l'examen qui n'a duré, finalement, que 1h25.

- Le président de la République a expliqué à Antony Blinken que son recours à l'article 80 est devenu nécessaire à la suite des conflits observés au sein du Parlement qui s'était transformé en un champ de bataille et dont les travaux furent entravés à plusieurs reprises à cause des violences physiques et verbales.
Tous les parlements du monde observent des dépassements et des violences verbales et physiques. Même au Japon, une des plus grandes démocraties du monde. En France, rien que la semaine dernière, le Premier ministre Jean Castex devait crier pour se faire entendre face aux députés qui beuglaient et frappaient sur la table. Les violences observées dans notre parlement n'avaient donc rien de particulier et c'est une ambiance ordinaire dans tous les parlements du monde. Au pire, et quand la crise s'accentue (comme c'était notre cas), on dissout le parlement et on convoque des élections. Mais en aucun cas, on ne gèle les travaux et on ne viole la constitution. Pour ceux qui en doutent, voici un article de Slate qui explique ce phénomène de violence dans les parlements.
Antony Blinken qui a une idée précise de ce qui se passe dans les parlements du monde ne peut donc pas être convaincu par le motif fallacieux présenté par Kaïs Saïed.

- Le président de la République a souligné que la corruption s'est propagée au sein de l'Etat et du Parlement, ajoutant que la levée de l'immunité des députés avait permis leur poursuite en justice puisque certains d'entre eux étaient, même, condamnés depuis 2018.
A ce jour, il y a deux députés seulement qui sont incarcérés pour suspicion de corruption. La constitution et la loi tunisiennes permettent la levée de l'immunité quand ils sont accusés pour des raisons autres que leurs actions dans le cadre de leur travail parlementaire. Il fallait juste que le parquet et la présidence du parlement fassent leur travail pour arrêter ces députés. En aucun cas, le recours à l'article 80, et son interprétation capillotractée, n'était justifié. Par ailleurs, le fait qu'il existe des députés corrompus ne peut en aucun cas justifier le gel de toute l'institution. En plus, ce n'est pas à lui de décréter qui est corrompu et qui ne l'est pas, mais à une cour de justice.
Antony Blinken n'ignore certainement pas cela.

- Le président de la République a indiqué à son interlocuteur américain qu'il n'y avait eu aucune atteinte aux droits et aux libertés, citant à titre d'exemple les manifestations et les protestations organisées de temps à autre.
Contrairement au président tunisien, les services américains lisent les articles journalistiques tunisiens et leurs rapports internes citent, souvent voire toujours, les comptes-rendus et les analyses des médias du pays où ils exercent, surtout quand ces médias sont connus pour leur indépendance et leur crédibilité. Pour ce qui est des manifestations organisées librement, les Américains ont certainement lu les articles de presse relatant comment les autorités ont empêché l'arrivée à Tunis de milliers de manifestants et ce en bloquant routes et autoroutes. Ils ont également eu vent des violences verbales et des arrestations en marge de la manifestation qui a eu lieu le 14 novembre, pour ne citer que celle-là.
Pour ce qui est de l'atteinte aux droits et aux libertés, les services diplomatiques américains ont certainement rapporté à leur chef comment des juridictions militaires ont jeté en prison le blogueur Slim Jebali et le journaliste Ameur Ayed, pour délit d'opinion. Comment cette même juridiction militaire poursuit la blogueuse Amina Mansour pour le même délit.
Antony Blinken ne peut pas ne pas être au courant des assignations à résidence de plusieurs personnalités politiques et de leurs interdictions de voyage. Ni aussi du fait de l'emprisonnement à titre préventif des anciens ministres Samir Taïeb et Mehdi Ben Gharbia (tous deux amis des Américains) violant, par là, le principe de présomption d'innocence.
Antony Blinken ne suce certainement pas son pouce et sait que ce que lui a raconté Kaïs Saïed en matière de droits et de libertés est tout simplement du pipeau.

- Le chef de l'Etat a indiqué que de nombreuses inexactitudes sont propagées à l'étranger sans fondement et sans aucun rapport avec la réalité.
Contrairement à Kaïs Saïed, Antony Blinken ne lit pas les publications Facebook des racketeurs et les tweets des investigateurs de la 25eheure pour se faire une idée sur un sujet. Il n'utilise que les rapports de ses services. Ces services basent le contenu de leurs rapports sur leurs propres observations et sur les comptes-rendus des médias qu'ils savent indépendants et crédibles.
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- Kaïs Saïed affirme à Antony Blinken que certains recourent à des sociétés étrangères moyennant des financements suspects pour nuire à leur patrie.
Le seul recours fait à des sociétés étrangères est pour des contrats de lobbying. Ce que semble ignorer Kaïs Saïed est que le lobbying est tout à fait légal dans toutes les démocraties du monde, y compris et notamment aux Etats-Unis. Quant au fait que ces parties cherchent à nuire à la patrie, ces propos n'engagent que Kaïs Saïed qui parle sans preuves et sans aucun fait tangible… Bon à noter, les parties que Kaïs Saïed cible jouissent pleinement de leur liberté. Il n'y a même pas eu de mise en examen.
En entendant cela, Antony Blinken a dû bien rire….

- Kaïs Saïed a dit à son interlocuteur que la Constitution n'a pas été suspendue.
Faux, il suffit de lire le décret 117 du 22 septembre 2021.
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- Il lui a dit que seuls les députés sont gelés jusqu'à la fin du danger guettant le pays.
Faux, il suffit de lire le décret 80-2021 du 29 juillet qui suspend toutes les compétences de l'ARP pour un mois. Depuis, rien de neuf n'a eu, l'ARP est toujours fermée et son accès est bloqué par l'armée, y compris à l'encontre des ouvriers chargés de l'entretien des lieux.
Quant au danger guettant le pays, le président de la République n'a toujours pas dit en quoi consiste ce danger.

- Le président a assuré à Antony Blinken que les préparatifs sont en cours pour les prochaines étapes, et que la volonté est d'aller de cette situation exceptionnelle vers une situation ordinaire.
Il se trouve que le président a déjà assuré la même chose à ce même Antony Blinken le 27 juillet 2021. Puis, il a assuré de nouveau la même chose à ses émissaires dépêchés à Carthage. Il leur a dit que la situation exceptionnelle n'allait durer qu'un mois.
Or voilà qu'on est maintenant à presque quatre mois de situation exceptionnelle…

Il y a deux choses que les Américains ne pardonnent jamais, aussi bien à leurs propres compatriotes qu'aux autres nations : le mensonge et la violation de la constitution.
Que Kaïs Saïed ait cherché à tromper sciemment son interlocuteur ou qu'il ait parlé en toute bonne foi, le résultat est le même. La perception pour l'Américain est que le président tunisien n'est pas en train de lui dire la vérité et ses propos sont contraires aux rapports remontés par ses propres services.
Si Kaïs Saïed compte sur le soutien américain pour obtenir un crédit du FMI, il peut déchanter, car ses propos sont loin d'être crédibles et convaincants.

Marouen Achouri


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