Le chef de l'Etat, Kaïs Saïed a présidé ce jeudi 30 décembre 2021, le conseil des ministres consacré au suivi des différents dossiers en rapport avec l'actualité, et plus particulièrement, le dossier du Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Après avoir présenté ses voeux au peuple tunisien, le président de la République a assuré que certaines personnes profitent de la situation actuelle pour agir dans le noir et l'obscurité. Il a ajouté que leurs plans ne sont plus un secret pour personne.[...] Ils se réunissent pour manigancer et monter les plans pour porter atteinte à l'Etat. L'histoire a permis de révéler les personnes sincères et constantes".
Par ailleurs, il a appelé le ministère de l'Intérieur et le ministère de la Justice à agir pour résoudre les affaires relatives aux plans d'assassinat dont il avait, lui-même, parlé lors de ses précédents discours. D'autre part, le président de la République a appelé ceux qui se prétendent "experts" à revoir les théories des philosophes à propos de la séparation des pouvoirs. Dans ce contexte, il a affirmé que le pouvoir revient au peuple et que tout le reste n'est que fonctions au sein de l'Etat, ajoutant qu'aucun pouvoir ne peut prétendre à une indépendance en dehors de cet Etat. Poursuivant son discours, Kaïs Saïed a abordé la condamnation d'un ancien président [en référence à Moncef Marzouki] assurant qu'il ne lui prête aucune attention et qu'il n'a aucun lien avec son jugement. Il a, aussi, fait allusion à la condamnation de la militante, Bochra Belhaj Hmida pour une affaire ayant traîné en justice pendant dix ans. Dans ce sens, il a estimé qu'il s'agit d'une diversion pour prouver "une prétendue indépendance de la justice". Dans ce contexte, il convient de rappeler que l'ancien président Moncef Marzouki, actuellement à l'étranger, a été condamné par contumace à quatre ans de prison après que Kaïs Saïed a appelé la ministre de la Justice à ouvrir une enquête judiciaire à propos des agissements de Moncef Marzouki, les qualifiant d'atteinte à la sûreté nationale. Me Belhaj Hmida a été jugée dans le cadre d'une plainte déposée contre elle par l'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports Tarek Dhiab. L'affaire remonte à 2012. Bochra Belhaj Hmida avait accusé Tarek Dhiab de corruption. "Nous agissons avec la même détermination pour prendre les décisions nécessaires qui sont attendues par le peuple tunisien", a-t-il martelé.
Dans un autre volet, le chef de l'Etat a abordé la question du Conseil supérieur de la magistrature pour revenir sur la loi portant création du CSM. Il a rappelé que cette loi avait pris naissance dans la douleur et afin de répondre aux exigences de ceux qui veulent avoir mainmise sur la Justice.
"Le premier arrêté d'application de ce Conseil restera gravé dans l'Histoire. En effet, il annule toutes les législations". Le chef de l'Etat a, également, énuméré toutes les primes et les avantages que se sont accordés les membres du CSM, notamment la prime de 2476 DT et les 400 litres de carburant. "J'appelle les magistrats intègres et honnêtes à nous soutenir pour rétablir la justice et l'équité. Nous allons réviser tout le système judiciaire, dans tous ses aspects. Je l'ai dit et je le redis : une justice intègre vaut mille constitutions ! ".
Kaïs Saïed a indiqué, également, que l'organisation administrative des tribunaux doit être révisée, soulignant que les greffiers doivent être sous l'autorité du président du tribunal, citant des exemples de droit comparé. Il a estimé que cette réforme est nécessaire, pour éviter certains dépassements constatés dans les tribunaux.