Kamel Akrout, l'amiral à la retraite et ancien conseiller à la sécurité nationale du président de la République défunt, Béji Caïd Essebsi, s'est interrogé, vendredi 14 janvier 2022, sur le timing des divulgations d'enregistrements des derniers appels entre le président de la République déchu, Zine El Abidine Ben Ali, et quelques uns de ses proches, ministres et amis, par la BBC. La chaîne britannique a diffusé dans la nuit de jeudi à vendredi 14 janvier 2022, vers minuit, trois enregistrements audio de communications téléphoniques, pour apporter quelques éclaircissements sur les derniers moments du régime de Ben Ali les 13 et 14 janvier 2011. Commentant la publication de ces enregistrements, l'amiral Akrout a fait le lien entre le mouvement islamiste, Ennahdha, et le gouvernement britannique et ses services de renseignements (MI6). « Le timing des divulgations d'enregistrements par la BBC interroge au plus haut niveau. Quand on connaît les inclinations du MI6 pour l'islam politique, on comprendra la soudaine philanthropie et la soudaine transparence de la BBC (state owned) », a-t-il écrit. Il a, dans ce sens, évoqué la protection des données personnelles laissant entendre que personne n'est à l'abri de violations. « Ces divulgations sont à lire au deuxième degré, du point de vue du choix des séquences, du timing … et prouvent encore une fois: - Que celui qui ne maîtrise pas la technologie n'a pas de vie privée, - Que tout ce qui vous est donné gratuit n'est pas aussi gratuit que ça, il fait de vous une simple proie. - Que les réseaux sociaux n'ont jamais été parfaitement sécurisés, vos informations et données personnelles sont accessibles, - Que tout responsable doit être conscient de l'impact de la non maîtrise des technologies (cyber, IA, communication…) sur sa souveraineté nationale ». Il a avancé, par ailleurs, que « les divulgations n'apportent pas grand chose au récit du 14 janvier. Cet évènement s'est éclairé plus par son aboutissement, par la décennie noire que nous vivons ». Plusieurs zones d'ombre subsistent encore, notamment sur le rôle qu'ont joué des personnages clés tels que l'ancien ministre de la Défense, Ridha Grira, ou encore le général Rachid Ammar, qu'on entend, sur les enregistrements de la BBC, avec Zine El Abidine Ben Ali après son départ vers l'Arabie Saoudite tantôt pour le rassurer, tantôt pour exprimer des préoccupations quant à l'évolution de la situation.