« La Tunisie est en faillite non déclarée et Kaïs Saïed veut mettre en œuvre son projet personnel en usant des mesures exceptionnelles, ce que nous ne permettrons pas », a déclaré, ce vendredi 28 janvier 2022, la présidente du PDL, Abir Moussi, sur le plateau de Rendez-vous 9 sur Attessia TV. Abir Moussi a précisé que de l'aveu même du président Kaïs Saïed, le projet de réconciliation pénale est un projet qu'il avait déjà élaboré depuis 2012 et qu'il tente aujourd'hui de l'imposer sous couvert de mesures exceptionnelles. « Dans quel pays a-t-on déjà vu cela ? Ce sera pire que Ben Sedrine et la justice transitionnelle, il mettra en place des tribunaux d'exception dans lesquels il y aura des juges qu'il aura lui-même désigné, le referendum électronique n'est qu'un couvert, le calendrier n'est pas applicable et n'est là que pour réduire la pression extérieure », a-t-elle poursuivi.
La présidente du PDL a souligné que les institutions financières internationales ne peuvent accorder leur confiance à un gouvernement désigné par décret contesté de la majorité des Tunisiens. « La situation fragile de ce gouvernement de gestion des affaires courantes ne lui permet en aucun cas d'engager les dialogues sérieux pour entamer les réformes exigées par les institutions internationales qui concernent des dossiers nécessitant des mesures sociales douloureuses qui ne passeront jamais avec un pouvoir précaire et illégitime. Nous proposons de réduire la durée de l'état d'exception, de dissoudre le Parlement et d'avancer les élections et de cesser de parler d'un referendum et d'un système pyramidal qui n'auront jamais lieu », a-t-elle ajouté. « Si j'étais au pouvoir je commencerais par les réformes qui ne coutent rien, comme affirmer la volonté politique de réformer et libérer les compétences des experts et des spécialistes pour les lancer. Aussi, et parce que le pays a un grave problème d'endettement, il faut mettre en place une agence de gestion de la dette extérieure, un conseil économique et social pour qu'on cesse de naviguer à vue et une agence publique qui gère l'intervention de l'Etat dans les institutions publiques », a déclaré Abir Moussi avant d'être interrompue et interrogée sur la position du PDL sur la question de la cession des entreprises publiques déficitaires. « Notre position sur le sujet est claire, les institutions stratégiques et souveraines à l'instar de la Steg et de la Sonede ne doivent pas être cédées mais doivent faire l'objet de réformes structurelles profondes et d'une nouvelle gouvernance. Pour ce qui est des entreprises concurrentielles, il faut traiter les dossiers au cas par cas, avec l'UGTT et l'Utica, et envisager les différentes solutions qui peuvent exister et qui impliqueront pour certaines une forme ou une autre d'intervention d'investisseurs privés », a-t-elle répondu.
Abir Moussi s'est ensuite prêtée au jeu des photos et devant celle de la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, la présidente du PDL n'a pu réprimer sa déception, affirmant qu'elle lui faisait pitié et qu'elle est une honte pour la femme tunisienne. A l'adresse du secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi, Abir Moussi a tenu à affirmer que son parti se dressera contre toute tentative d'atteinte à l'UGTT et à son union.
Interrogée par les chroniqueurs de l'émission sur la possibilité que son parti présente un autre candidat à la présidentielle, « un des anciens destouriens notamment », Abir Moussi a rappelé que l'usage veut qu'au premier tour, tout parti qui se respecte désigne un candidat en son sein et ce n'est qu'au deuxième tour que les calculs politiques interviennent. « On dit donc que je n'ai pas la carrure pour affronter une personnalité comme Kaïs Saïed, nous voilà tombés si bas qu'on parle désormais d'une « personnalité comme Saïed » », a-t-elle déploré.