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Pourquoi l'institution de la présidence de la République ne fonctionne plus comme avant
Publié dans Business News le 16 - 03 - 2022

Il y a le président de la République d'un côté et l'institution de la présidence de la République. Si l'un boîte, l'autre va inévitablement subir le handicap. Comment va l'institution de la présidence dont le budget n'a cessé d'augmenter ?
Sous la présidence de Moncef Marzouki, l'institution de la présidence en a connu des vertes et des pas mûres. On voyait carrément des câbles de téléphone jetés par terre, des invités qui occupent le siège du président pour faire des selfies … L'environnement même à Carthage était insalubre avec des herbes sauvages tout au long de l'avenue Habib Bourguiba devant la porte du palais présidentiel. Le summum a été atteint en décembre 2014 avec l'arrivée de camions de déménageurs journaliers venus au palais chercher les archives de la présidence de la République. Dans un geste héroïque, inscrit dans les annales, la garde présidentielle s'est opposée à cet affront et a refusé de délivrer les archives à Sihem Ben Sedrine, présidente de l'Instance Vérité et Dignité et complice de Moncef Marzouki. La garde présidentielle s'est, à un moment, détachée du président pour préserver son institution.
Avec l'arrivée de feu Béji Caïd Essebsi, en 2015, les choses sont rentrées en ordre. On a interdit les téléphones portables dans l'enceinte du palais, on a mis un coup de propre, la mairie de Carthage s'est réveillée de sa torpeur et l'accès au palais n'était plus permis au premier venu.
Avec l'arrivée de Kaïs Saïed en 2019, on pouvait s'attendre à ce que les bonnes choses soient maintenues, d'autant plus que l'institution a vu son budget croître considérablement. De 124 millions de dinars en 2019, le budget est passé à 141 millions de dinars en 2020, à 168 millions de dinars en 2021 et à 170 millions de dinars en 2022.
Cherchant à faire des économies de bout de chandelle, au détriment de l'image, du bon goût et du prestige, Kaïs Saïed a fait remplacer les belles fleurs naturelles qu'on ramenait périodiquement, par des bouquets froids en argent.
C'est un détail, on en convient, sauf que le diable se cache dans le détail.
De tout temps, y compris sous l'ère Ben Ali et Bourguiba, les nominations de conseillers à la présidence faisaient l'objet de communiqués officiels de la présidence. Une fois publiées dans le Journal officiel, on savait quelle est l'affectation du conseiller.
Sous Kaïs Saïed, les nominations et les démissions se font en catimini et on ne les apprend qu'une fois publiées dans le journal officiel. On ignore le rôle des nouveaux venus et on a des informations contradictoires sur les départs. Les partants disent qu'ils ont démissionné, alors que l'institution parle de limogeage.
C'est un autre détail ? Peut-être, mais il y a des détails qui en disent long sur ce qui se passe au sein de l'institution présidentielle.

Lundi 14 mars 2022, le président de la République fait une visite inopinée à une boulangerie de Bab Khadhra. Il interroge le boulanger sur l'approvisionnement en semoule et farine et ce dernier lui dit qu'il était toujours mal approvisionné. Le président insiste à plusieurs reprises et c'est toujours la même réponse qui lui revient sur la figure. « Les mesures qu'on a prises ces derniers jours n'ont pas amélioré la situation ? », interroge le président. « Non, monsieur le président », répond naïvement le boulanger.
La question est éminemment politique et la réponse donnée par le boulanger est sincère et totalement dénuée de tout sens politique. Conclusion ? La stratégie du président pour lutter contre la supposée spéculation, justifiant les pénuries de ces derniers jours, n'a donc pas porté ses fruits.
Les caméras filment ensuite le président de la République à l'intérieur de la boulangerie en train de regarder les fourneaux et le matériel et même en train de lire un grand sac vide de semoule.
Au sortir de la boulangerie, on entend un citoyen lui dire : « Vous êtes chez toi, monsieur le président » et d'autres l'interrompant alors qu'il parlait.
Une fois la visite achevée, la présidence de la République a diffusé la vidéo avec des extraits des échanges du président et de la réaction de la foule. Les réseaux sociaux s'en sont emparés de suite pour se moquer du président, des réponses sincères du boulanger (la gifle du boulanger, comme l'a qualifiée un opposant islamiste), de la crédulité de la foule, etc.

C'est d'une grande évidence, la vidéo diffusée de la visite inopinée est totalement au désavantage du président de la République. Elle montre sa déconvenue politique et ne renvoie qu'un message négatif à la population, celui d'un chef d'Etat dont la stratégie n'a pas fonctionné sur le terrain.

Quel est le tort de l'institution de la présidence dans cette vidéo et dans cette visite ? La visite inopinée est une technique politique de communication grâce à laquelle le chef de l'Etat envoie un message à la population. Si le message est négatif ou s'il n'y a pas de message, la présidence s'abstient de diffuser la vidéo de la visite. Au moins, elle ne diffuse pas le son.
En tout état de cause, elle ne doit pas montrer le président de la République en train de lire un sac vide et désabusé.
La présidence, et c'est son rôle, est d'inviter le président à surseoir sa visite de terrain afin qu'elle puisse la préparer dans le détail. Il n'y a aucune raison politique pour que la visite soit inopinée et se fasse le lundi 14. Elle pouvait imposer le report au mardi 15 ou ultérieurement, le temps qu'elle briefe les personnes que le président doit voir.
Elle a déjà fait ça le 13 août dernier quand Kaïs Saïed est allé rendre visite à deux femmes de la Cité Hlel à Tunis. La présidence a tout préparé et a dicté aux femmes ce qu'elles devaient faire et, surtout, ne pas faire. Ainsi, on leur a demandé de rester assises et de ne pas se lever quand le président entre dans leur local. Elle leur a demandé de ne pas parler et, surtout, de ne pas interrompre le président.
Ce n'est pas la première fois que Kaïs Saïed visite une boulangerie, il l'a déjà fait en août 2020 quand il s'est rendu à celle de la cité Ennasr et c'était une visite inopinée. La présidence a bien sélectionné ses extraits vidéos pour ne renvoyer au public que des messages positifs et servant politiquement le président.

Pourquoi ce qui a été fait en août 2020 et août 2021 n'a pas été répété en mars 2022 ? Pourquoi la présidence donne l'impression de diffuser des rushs et non des extraits bien choisis ?
Les adeptes des théories du complot diront que l'institution présidentielle cherche à saboter le président de la République.
La vérité est plus simple. Le président a fait le vide autour de lui et ce vide finit, tôt ou tard, par se ressentir.
Ainsi, depuis octobre 2020, il n'a pas de directeur de la communication. Il ne daigne toujours pas remplacer Rachida Ennaïfer. Après la démission de cette dernière, Rym Gacem a occupé le poste, sans avoir le titre, mais elle a fini elle aussi par démissionner en mars 2021. Comment est géré le département de la communication depuis un an ? Personne n'a la réponse, mais tout le monde voit le résultat.
Le 24 janvier dernier, c'est la cheffe de cabinet Nadia Akacha qui démissionne et elle n'est toujours pas remplacée.
Le fonctionnement normal de toute institution exige qu'il y ait un chef à sa tête. Que dire alors quand il s'agit de la présidence de la République.
Kaïs Saïed a fait le vide autour de lui ne se rendant pas compte qu'il se fragilise dangereusement et qu'il fragilise également l'institution. Et cela commence à se voir et à se ressentir au grand jour.

Raouf Ben Hédi


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