La Haute autorité indépendante pour la communication audiovisuelle (Haica) a appelé au respect de la loi et à mis en garde le gouvernement contre la gravité des pratiques menaçant la liberté de la presse. Dans un communiqué daté de mardi 22 mars 2022, l'instance a réagi à l'arrestation du journaliste de Mosaïque Fm, Khalifa Guesmi, suite à son refus de divulguer ses sources. Pour elle, cet incident représente un grave précédent, qui constitue un indice d'un dérapage dangereux dans le domaine des droits et libertés et une menace manifeste pour la liberté d'expression et de la presse en Tunisie. L'instance dénonce le fait qu'il ait été mis en détention alors même qu'il devait être jugé sur la base du décret n°2011-115 du 2 novembre. Pire, ses collègues ont été auditionnés par l'unité nationale d'enquête sur les crimes terroristes de la Garde nationale à l'Aouina. Et d'expliquer que la Haica a attendu avant de prendre une position, considérant la possibilité de l'existence d'autres éléments sans rapport avec le travail journalistique et qui justifieraient cette gestion de l'affaire. Mais, le dossier s'est limité à faire pression sur le journaliste afin de révéler la confidentialité de ses sources hors du cadre de la loi sur la presse qui protège et organise ce droit, et en violation aux dispositions de l'article 11 du décret n°115.
Dans ce cadre, la Haica a exprimé son attachement à son rôle de contrôle du contenu des chaînes de télévision et de radio, en tant que compétences exclusives de son autorité de régulation. Elle considère que l'intervention pour la suppression d'un article publié sur le site internet de la radio constitue une ingérence flagrante dans ses prérogatives et demande à toutes les institutions, notamment sécuritaires et judiciaires à respecter les dispositions de la loi organisant le secteur des médias et à s'engager à appliquer les décrets 115 et 116 de 2011 dans les affaires liées au secteur. L'instance a profité pour mettre en relief le rôle des journalistes dans la lutte contre le terrorisme depuis la révolution. Et de souligner qu'elle a adopté une position de principe en défendant la liberté d'expression et le rôle du journaliste dans la construction d'une société civile démocratique.
La Haica a appelé, donc, le gouvernement à cesser toutes les poursuites contre ces journalistes et a mis en garde contre la gravité de ces pratiques injustifiées.