Dans une interview accordée à Acharaa Al Magharibi et parue dans son édition du mardi 10 mai 2022, l'ancien ministre des Finances par intérim (gouvernement Chahed) et président d'Afek Tounes, Fadhel Abdelkefi, a dressé un tableau détaillé de la situation économique du pays et a taclé la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, lui reprochant son mutisme face au cataclysme financier imminent et son programme « impossible à appliquer ».
Rappelant qu'il avait mis en garde contre la dégradation des finances du pays depuis 2017, le politicien a signalé que la locatrice de la Kasbah aurait dû présenter publiquement le programme de son gouvernement dans ce contexte de crise économique étouffante. Il a dénoncé le fait que l'opinion publique avait découvert le programme du gouvernement Bouden sous forme de fuites du dossier de financement soumis au Fonds monétaire international notant que l'ensemble des mesures est impossible à « faire passer ».
« Dans le contexte actuel, il est impossible pour un chef de gouvernement ou chef d'Etat d'appliquer (ces mesures). J'aurais préféré que Mme Bouden négocie avec le FMI suivant une approche totalement différente, qu'elle soit franche sur l'impossibilité d'appliquer (ces mesures) et plutôt miser sur la création de richesse », a-t-il avancé en référence au gel des salaires et des recrutements au sein de la Fonction publique, la restructuration des entreprises publiques et la révision du système de compensation.
Interpellé sur les programmes des anciens gouvernements, Fadhel Abdelkefi a souligné que seul Youssef Chahed avait eu « une chance historique de transformer la Tunisie ». Il a indiqué, dans ce sens, que le pays s'était lourdement endetté ajoutant qu'il est désormais impossible à la Tunisie de sortir sur les marchés internationaux. « Il ne nous reste que les pays frères et amis ou un accord avec le FMI pour que celui-ci donne son feu vert aux banques internationales pour nous accorder des prêts », a-t-il fait savoir.
Annonçant que la cheffe du gouvernement s'est penchée sur les résultats du 20/20, il a précisé que la situation du pays pourrait être redressée à travers les investissements étrangers. Il a affirmé, également, qu'il était temps de s'interroger sur le rôle économique que l'Etat pourrait jouer en 2022. « L'Etat doit être robuste au niveau de l'éducation, l'enseignement, de la recherche scientifique, la santé, la sécurité, et le transport », a-t-il expliqué avant de revenir sur le rôle de l'Etat dans la lutte contre la pauvreté.