L'ancien dirigeant nahdhaoui et ancien ministre de la Santé, Abdellatif Mekki, a commenté, dans la soirée de lundi 6 juin 2022, l'affaire de la révocation de 57 magistrats par décret présidentiel.
Dans une intervention sur la chaine qatarie Al Jazeera, il a assuré que le président de la République, Kaïs Saïed, tendait plus à instrumentaliser la justice qu'à l'assainir. Il a indiqué, dans ce sens, que sa décision de révoquer des juges – sans possibilité de recours pour les concernés – avait pour objectif de terroriser les magistrats et leur faire comprendre que ceux qui n'appliqueraient pas les instructions de l'exécutif seraient écartés.
« L'affaire est politique par excellence. C'est une tentative de faire plier la justice. Si le président avait vraiment l'intention d'assainir la justice, il aurait eu recours à d'autres moyens », a-t-il déclaré.
L'ancien ministre a ajouté que depuis le 25-Juillet, Kaïs Saïed avait déployé tous les efforts pour se rapprocher de l'institution sécuritaire – en multipliant les visites aux casernes – et de la justice, rappelant les nombreuses rencontres entre le locataire de Carthage et le président du Conseil supérieur de la magistrature Youssef Bouzakher. Le but étant, selon Abdellatif Mekki, de se débarrasser des opposants politiques.
Le président de la République a, rappelons-le, annoncé, le 1er juin, la révocation – sans possibilité de recours – de 57 juges, dont le président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) dissous par Saïed, Youssef Bouzakher, l'ancien procureur de la République, Béchir Akremi, l'ancien premier président de la Cour de cassation, Taieb Rached et l'ancien substitut du procureur de la République, Sofiene Sliti. Ceux-ci sont accusés, par Kaïs saïed, d'entrave à la justice et plusieurs autres dépassements.
Au lendemain de cette annonce, l'Association des magistrats tunisiens (AMT) a publié un communiqué affirmant que le décret 35 de 2022 était nul et non avenu, car il représente une atteinte manifeste à la compétence exclusive du Conseil supérieur de la magistrature et une ingérence claire et flagrante du président de la République dans les prérogatives de l'autorité judiciaire. Elle a dénoncé les limogeages les qualifiant de « massacre » judiciaire opéré sous couvert de lutte contre la corruption et qui en fait n'a rien à voir ce qui n'a en fait rien à voir avec cela.
L'AMT a organisé, samedi 4 juin, un conseil national urgent. S'exprimant à cette occasion et présidant la séance, le juge et président de l'association, Anas Hmaidi a déploré l'ingérence du pouvoir exécutif et la tentative de soumettre la justice tunisienne. Il a qualifié la ministre de la Justice, Leila Jaffel, de traître. Il a considéré qu'elle cherchait à s'attirer les bonnes grâces du président de la République, Kaïs Saïed.
Une grève d'une semaine a été décrétée et se poursuit depuis lundi.