Le Front de salut national a dénoncé, dans un communiqué publié samedi 18 juin 2022, le verdict prononcé par la Cour d'appel militaire contre le président du bloc Al Karama, Seif Eddine Makhlouf. Le front a tenu à souligner que le jugement n'est qu'une nouvelle étape sur la voie de l'assujettissement de la justice, notamment après la révocation de magistrats et la comparution d'avocat devant les juridictions militaires. Par ailleurs, le front a exprimé son étonnement face au silence de l'Ordre national des avocats face à l'atteinte portée par la justice militaire à ses prérogatives, en l'occurrence l'interdiction d'exercer d'un avocat, mesure que seule l'Onat peut prendre. Vendredi 17 juin 2022, la Cour d'appel militaire a condamné le député Al Karama d'un an de prison en plus d'une interdiction d'exercer la profession d'avocat pendant cinq ans dans le cadre de l'affaire d'outrage à magistrat.
L'affaire remonte au mois de septembre 2021, Makhlouf s'était présenté, dans l'après-midi du 21 septembre, au Tribunal militaire voulant défendre le député Nidhal Saoudi – interpellé dans le cadre de l'affaire dite de l'aéroport – alors que cela est interdit par la loi. Suite à ce refus de plaidoyer, il s'en était pris à un magistrat dans les couloirs du Tribunal militaire et l'avait menacé lui affirmant qu'il détenait des informations concernant des personnes impliquées dans le « coup d'Etat ». Considérant que ces agissements sont une atteinte à la magistrature de manière générale et une menace flagrante aux juges militaires dans l'exercice de leurs fonctions, le procureur général près la Cour d'appel militaire avait ordonné l'ouverture d'une information judiciaire et avait émis un mandat de dépôt à l'encontre de Seif Eddine Makhlouf tenant compte du flagrant délit.