Le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi a considéré que la commission nationale consultative pour une nouvelle République n'était qu'un simulacre de dialogue. Il a rappelé que les participants n'avaient même pas eu l'occasion de consulter le projet de la constitution présenté au chef de l'Etat, Kaïs Saïed. « Pourquoi n'y a-t-il pas eu de décret fixant un seuil minimal du taux de participation au référendum permettant de valider ou de rejeter le résultat ? », s'est-il interrogé. A l'occasion de la présentation du programme de réformes du système politique de l'UGTT, Noureddine Taboubi a estimé que le président de la République n'a pas fixé de seuil minimal afin de forcer la mise place de son projet politique. Il a rappelé que la centrale syndicale avait appelé à maintes reprises au dialogue. Il a expliqué que le refus de participer à un processus flou et comportant plusieurs tromperies afin de préserver l'UGTT et son histoire. Il a considéré qu'un véritable leader devait procéder à des remises en question, à revoir ses positions.
« L'UGTT appartient au peuple tunisien. Elle représente l'histoire. Les dirigeants de l'organisation doivent préserver son image et son histoire… Nous ne participerons pas à un processus visant à introduire des idées sans aucun rapport avec celles portées par le peuple tunisien, l'Etat civil, les valeurs de la République, l'équilibre entre les pouvoirs, les restrictions sur les libertés collectives et individuelles, à la liberté d'expression, des médias, de s'organiser, du travail syndical et de faire grève », a-t-il ajouté.
Le secrétaire général de l'UGTT a déploré la gouvernance par le biais de décret. Il a considéré qu'un gouvernement nommé par décret en dehors des institutions de l'Etat n'était pas apte à procéder à des réformes. « Nous restons ouverts à toute initiative de réformes… L'UGTT a refusé de participer, car on ne peut pas dissocier le système politique du système électoral. A-t-il été abordé ? Il sera promulgué par décret ! Nous n'avons aucune information concernant le contenu… Nous refusons de participer à tout processus visant à porter atteinte aux partis politiques… Nous voulons un Etat civil. Nous ne voulons pas nous retrouver dans le Moyen Âge », a-t-il poursuivi. Noureddine Taboubi n'a pas nié l'existence de défaillance du système mis en place par la constitution de 2014. Il a estimé que ce texte devait être révisé. Il a évoqué une intention de déformer l'histoire en usant de l'expression « un nouvel Etat ». Il a exprimé l'attachement de l'UGTT aux acquis en matière de droits de la femme et de l'égalité entre les genres.