Le Club de Madrid, plus grand forum mondial d'anciens chefs d'Etat et de gouvernement démocratiques, a rendu public un communiqué, ce dimanche 26 juin 2022, appelant les autorités tunisiennes, plus particulièrement, le président Kaïs Saïed, à respecter les valeurs démocratiques, le processus judiciaire et l'Etat de droit et à libérer l'ancien chef du gouvernement Hamadi Jebali tout en respectant ses droits et libertés, tels qu'ils sont garantis par la constitution.
« Hamadi Jebali, chef de gouvernement tunisien de décembre 2011 à février 2013 et membre du Club de Madrid, a été transféré en urgence à l'unité de soins intensifs de l'hôpital Habib Thameur de Tunis, dans un état de santé gravement dégradé après avoir été interpellé jeudi dernier par la police - pour la deuxième fois en moins de deux mois – sans commentaire officiel immédiat et soupçonné de blanchiment d'argent. Le chef de gouvernement Hamadi Jebali a entamé une grève de la faim, affirmant que son interpellation avait des motivations politiques et n'était pas liée au blanchiment d'argent. Cela a gravement affecté sa santé. Les tensions politiques et les préoccupations concernant les droits de l'homme augmentent en Tunisie depuis juillet 2021, mais aussi la mise en place des mesures exceptionnelles imposées par le président Kaïs Saïed, notamment la dissolution du Parlement, du conseil supérieur de la magistrature et l'instance supérieure indépendante pour les élections. Ce processus est considéré comme une dictature rampante en Tunisie », lit-on dans le texte du communiqué.
Hamadi Jebali a été conduit le 23 juin 2022 à la brigade antiterroriste d'El Gorjani. En effet, le Parquet auprès du pôle judiciaire antiterroriste a ordonné l'interpellation de l'ancien chef de gouvernement à cause de soupçons de blanchiment d'argent liés à l'association caritative "Namaa Tounes". Dans sa conférence de presse du vendredi 24 juin 2022, le ministère de l'Intérieur est revenu sur l'interpellation de l'ancien chef du gouvernement, Hamadi Jebali, sans le citer nommément. Le ministère a confirmé l'implication de l'association « Namaa », dont il est responsable dans une affaire de financement étranger douteux et de blanchiment d'argent, révélant que des opérations financières douteuses concernant l'association Namaa ont été repérées ainsi que d'importants virements provenant de l'étranger ne correspondant pas à son activité déclarée