« Ça sent les égouts ». « C'est pourri, imbuvable ». « Ça sent mauvais et la couleur est bizarre ». « Prendre une douche et laver les légumes sont une épreuve pénible à présent, tellement ça sent le moisi ». « C'est impropre à la consommation !». « Je n'arrive même pas à me laver les dents sans avoir des envies de vomir ». « C'est différent cette fois-ci. Ça ne sent pas le chlore. C'est nauséabond carrément ! ». Voici quelques témoignages que nous avons collectés auprès de citoyens tunisiens qui habitent différentes zones du Grand Tunis. L'eau potable est insalubre depuis presqu'un mois. Supposée potable, l'eau du robinet dégage des odeurs nauséabondes. Incolore d'habitude, c'est une eau trouble qui coule dans nos canalisations, à présent. Et ce n'est pas occasionnel. C'est le cas tous les jours, peu importe l'heure, alors que la dernière coupure d'eau sur le Grand Tunis remonte à plusieurs semaines.
Certains citoyens ont dû se rabattre sur l'eau embouteillée pour cuisiner de crainte que l'eau du robinet ne soit contaminée par des agents pathogènes. Le Grand Tunis n'est pas le seul à souffrir de ce phénomène incompréhensible. En juillet, le Tribunal administratif a tranché en faveur des habitants de Hajeb Laâyoun dans le gouvernorat de Kairouan. Certains ont fait analyser l'eau du robinet avant de déposer une plainte contre la Société nationale d'exploitation et de distribution des eaux (Sonede). La justice administrative a, d'ailleurs, confirmé que l'eau n'était pas conforme aux normes. L'année dernière en août, le président de la République a sermonné le PDG de la Sonede et plusieurs responsables du ministère de l'Agriculture et des Ressources hydraulique sur la qualité et les coupures d'eau répétitives. Kaïs Saïed avait alors exigé un plan d'action pour préserver le droit des citoyens à l'eau potable. Pourtant, rien de concret n'a été fait jusqu'à ce jour. La mal-gouvernance prime toujours.