Le président de l'Ordre national des avocats de Tunisie, Hatem Mziou a affirmé que la profession d'avocat avait réussi à gagner la confiance des Tunisiens et à jouer un rôle important dans l'histoire du pays. « L'assemblée générale élective de l'ordre est devenue un événement national... Les citoyens tunisiens et l'ensemble des composantes de la société civile suivent de près le déroulement de l'assemblée... L'avocatie est toujours liée à la vie politique... Chaque bâtonnier a des convictions et porte un projet et des idées... Je représente le métier d'avocat... Il s'agit d'un corps important fondé sur le professionnalisme et l'indépendance », a-t-il déclaré. Invité le 4 octobre 2022 par Myriam Belkadhi sur les ondes de la radio Shems FM, Hatem Mziou a rappelé qu'il avait défendu, dans le passé, divers individus poursuivis en raison de leurs appartenances politiques. Il a fait partie des comités de défense de certains islamistes et de personnes poursuivies dans le cadre des affaires du bassin minier. Il a, aussi, indiqué qu'il s'était rendu à Sidi Bouzid à la date du 31 décembre 2010 et qu'il avait, par la suite, occupé diverses responsabilités au sein de l'ordre national. « Le professionnalisme ne s'oppose pas à l'implication dans les affaires publiques... Parmi les fondements de notre profession, il y a la défense des droits humains, de la démocratie, d'une véritable République, des acquis de la Révolution et d'une justice indépendante, efficace et honnête... Les grands leaders du mouvement nationaliste sont des avocats... Nous en sommes fiers... Nous refusons l'exploitation de la profession d'avocat au profit d'un acteur ou d'un parti politique donné... Les avocats ont le droit d'adhérer à un parti, mais on ne doit pas exploiter les structures de l'ordre au profit de ce parti », a-t-il déclaré. Interrogé sur sa présence aux côtés de l'ancien président de l'ordre Abderrazak Kilani, Hatem Mziou a insisté sur l'importance de la garantie d'un procès équitable et du droit à la défense. Il a expliqué que ceci ne devait pas être influencé par les orientations de l'accusé. Mziou a, aussi, exprimé son opposition à la poursuite de civils devant les tribunaux militaires. Il a demandé au président de la République, Kaïs Saïed, de promulguer un décret interdisant cela. Les tribunaux militaires doivent, selon lui, trancher dans les affaires incluant seulement les membres de l'armée. Par la suite, le président de l'ordre a affirmé que le pouvoir en place, depuis l'indépendance de la Tunisie, n'a pas donné l'importance nécessaire à la magistrature. Il a déploré le manque de ressources, la détérioration des conditions de travail et le budget limité octroyé au ministère de la Justice. Il a insisté sur le rôle social important de la justice et de la magistrature. Il a expliqué l'intervention du pouvoir exécutif par sa volonté de garantir le bon fonctionnement de la justice. Il a déploré le manque de volonté et d'initiative de la part des magistrats visant la réforme et l'épuration du secteur. Mziou a insisté sur l'importance du dialogue dans un tel processus. La promulgation de textes de loi à ce sujet ne doit pas avoir de façon unilatérale. Il a évoqué l'exemple des pays scandinavves et a estimé que la Tunisie devait s'inspirer de ces modèles là. Le président de l'ordre a rappelé que le principe de la justice était l'innocence jusqu'à preuve du contraire. Il a évoqué la hausse de la population carcérale et a expliqué cela par la détention des individus même en l'absence de preuves concrètes et pour des affaires ne nécessitant pas des peines pareilles. Mziou a expliqué que les magistrats avaient tendance à placer les accusés en prison de façon systématique. Il a considéré que ces derniers ne s'étaient rendu compte de la gravité de leurs actes que suite à la décision de révocation par la présidence de la République de 57 juges. Hatem Mziou a assuré qu'il s'oppose à toute atteinte aux droits et aux libertés et qu'il poursuivra la quête de la vérité dans les affaires des assassinats politiques. Il a affirmé qu'il n'y avait pas de soutien absolu au pouvoir en place, mais quelques objectifs communs. Il a, également, expliqué que les avocats étaient réticents quant à certaines affaires telles que la non constitutionnalisation du rôle de l'avocatie et la création d'une cour constitutionnelle composée uniquement de magistrats.