Un document contenant la liste de 25 personnalités du monde politique et médiatique a fuité, vendredi 25 novembre 2022. La fuite vient du même groupe de « bloggeurs » qui se disent libres, mais proches des cercles du pouvoir. Le document fait état d'une instruction ouverte par le Tribunal de première instance de Tunis. Ces personnalités sont visées par de graves accusations prévues par le code pénal notamment : atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat, offense contre le chef de l'Etat, complot formé dans le but de commettre l'un des attentats contre la sûreté intérieure de l'Etat, entente établie dans le but de préparer ou de commettre un attentat contre les personnes ou les propriétés ou encore faux et usage de faux. Les personnes visées par l'enquête encourent de très lourdes peines. L'information a largement circulé sur les réseaux sociaux tunisiens accentuant le lourd climat de suspicion et de peur qui s'est installé en Tunisie, sachant que l'affaire coïncide avec le début de la campagne pour les élections législatives du 17 décembre. La première à réagir est Nadia Akacha, l'ancienne cheffe du cabinet présidentiel, citée dans la liste, qui a dénoncé un harcèlement et une campagne de dénigrement « dégoutante » et « honteuse ». Nadia Akacha s'insurge en ces termes : « Je me suis tue par respect au devoir de réserve et au sens de responsabilité envers mon pays. Mais face à cette absurdité et ces calomnies, pour la seule raison que j'aie réussi alors que d'autres ont échoué, je pense qu'il est temps de dire toute la vérité ».
L'information a fait l'effet d'une bombe. D'autres personnes réagiraient, ou pas, au vu du climat d'appréhension qui s'est installé. Sur les réseaux sociaux, des internautes en parlent avec des mots voilés par crainte de poursuites sur la base du décret présidentiel 54.