Résultat de la vague de racisme et de xénophobie qui s'est emparée du pays suite au discours du président de la République, Kaïs Saïed, les migrants subsahariens sont de plus en plus nombreux à quitter le pays. Les propos du président, dans lesquels il accuse les subsahariens de complot contre l'identité arabo-musulmane, de vouloir coloniser le pays et d'être responsables de la crise économique et des pénuries, ont eu pour effet d'attiser une campagne haineuse qui tapissait déjà les réseaux sociaux et qui a n'attendait que ça pour sévir dans la rue. Certains gouvernements, tels que la République de Guinée, sont allés jusqu'à rapatrier leurs ressortissants. Aujourd'hui, samedi 4 mars 2023, c'était au tour des Ivoiriens et des Maliens de quitter la Tunisie. Le groupe Solidarités des migrants en Tunisie a publié les images navrantes de ces départs, la conséquence d'un discours fâcheux qui a jeté la honte sur tout le pays. On le rappellera tout de même, le président de la République avait présidé, le 21 février 2023, une réunion du conseil de sécurité nationale consacrée aux « mesures urgentes qui devraient être prises pour traiter le phénomène de l'afflux d'un grand nombre de migrants irréguliers subsahariens en Tunisie ». Au cours de cette réunion, le chef de l'Etat avait souligné que cette situation est anormale et qu'il y avait « un plan criminel préparé depuis le début de ce siècle pour métamorphoser la composition démographique de la Tunisie ». Et d'ajouter que « certaines parties ont reçu de grandes sommes d'argent après 2011, pour l'établissement des immigrants irréguliers subsahariens en Tunisie, assurant que l'objectif non annoncé des vagues successives de la migration clandestine étant de considérer la Tunisie comme un Etat africain n'ayant aucune appartenance arabe et islamique ».