L'avocat du président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, Mokhtar Jemai a considéré que son client faisait face à un procès politique et d'opinion. Les poursuites engagées contre son client, selon lui, reposent sur des déclarations et d'avis sortis de leurs contextes. Intervenant au micro de Karam Fm durant « Radio Nes » de Belgassem Omri, Mokhtar Jemai a indiqué que Rached Ghannouchi a fait l'objet de plus de 120 heures d'instruction et d'audition dans le cadre de 23 dossiers pénaux. Il a rappelé que son client s'était toujours présenté suite à sa convocation. « Monsieur Ghannouchi a décidé, aujourd'hui, de boycotter toutes les convocations le concernant. Il a refusé d'assister à l'instruction encore une fois après avoir estimé que son procès était politisé et qu'il y avait une forme d'atteinte à son encontre… Il s'agit de son droit de garder le silence et de ne pas assister aux instructions », a-t-il ajouté. Mokhtar Jemai a indiqué que son client avait été auditionné à la date du 24 avril 2023. « Un agent de police a assuré être en possession d'une vidéo d'une rencontre entre Rached Ghannouchi et des terroristes. Le ministère public près le pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme s'est empressé d'ouvrir une enquête et sans s'assurer de l'existence des moyens de preuves… Le juge aurait dû demander de voir la vidéo avant d'ouvrir une enquête. Ceci n'a pas eu lieu. On a auditionné le plaignant qui a affirmé l'existence de preuves. On a auditionné Ghannouchi qui l'a démenti. La confrontation a eu lieu hier entre les deux et la défense a demandé à voir la vidéo. Il (l'agent de police) a tout simplement dit avoir perdu l'enregistrement vidéo », a-t-il poursuivi. Mokhtar Jemai a critiqué l'attitude du ministère public. Il a affirmé que les accusations à l'encontre de son client dans le cadre d'autres affaires et les rumeurs circulant sur les réseaux sociaux étaient infondées. Il a expliqué que son client avait été placé en prison à la suite d'une seule affaire à savoir celle liée à l'allocution prononcée durant une soirée ramadanesque tenue le 15 avril 2023 par le Front de salut national. Il a indiqué que le mandat de dépôt contre son client était injustifié et qu'il résultait d'une pression extérieure. Il a précisé qu'il n'y avait pas de suspect en fuite dans le cadre de la même affaire. « D'un point de vue procédural, le mandat de dépôt peut être appliqué durant quatorze mois, soit un an et deux mois. C'est pour cela que nous considérons qu'il s'agit d'une mesure dangereuse… Il fait l'objet d'une enquête relevant du droit commun et non d'une affaire terroriste… Il n'y a aucun lien entre les arrestations de Habib Ellouz et de Rached Ghannouchi… Le dossier du cheikh Habib Ellouz est traité par le pôle de lutte contre le terrorisme… Il s'agit d'une affaire liée à un coup de téléphone passé en 2013… Il n'a toujours pas été auditionné », a-t-il dit. Mokhtar Jemai a considéré que Rached Ghannouchi bénéficiait d'une certaine cote de popularité. Il a justifié cela par le nombre de voix collectées lors des législatives de 2019. Il a assuré qu'une partie du peuple liait les assassinats politiques au mouvement Ennahdha. Il a insisté sur l'absence de liens entre cette affaire et celle ayant conduit à l'arrestation de son client. Il a pointé du doigt les atteintes à la justice de la part du pouvoir exécutif et est revenu sur les limogeages de magistrats et la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature. L'avocat a mis l'accent sur la nécessité de réformer le système pénitentiaire. Il a indiqué que son client avait dépassé l'espérance de vie moyenne en Tunisie. Il a expliqué que son état de santé était déplorable et que le mandat de dépôt le visant a considérablement aggravé la chose. Me Jemai a enfin indiqué que son client était déjà interdit de voyage et qu'il bénéficiait d'une garde policière rapprochée.