Najla Bouden a eu deux réunions, cette semaine, dans une salle où se trouve un portrait en noir et blanc de Norodom Sihanouk, ancien président du Cambodge. La première, lundi 24 juillet avec le ministre de la Défense et la seconde, hier jeudi 27 juillet, avec le président de la République. Que fait un portrait de Norodom Sihanouk dans une salle de réunion de la présidence du gouvernement ? On l'ignore. On connait mieux en revanche Norodom Sihanouk dont le parcours est loin d'être glorieux. Sihanouk est né le 31 octobre 1922 à Phnom Penh et mort en exil à Pékin le 15 octobre 2012. Il a été proclamé roi du Cambodge alors qu'il n'avait que 18 ans et que son pays était colonisé par la France. Il a abdiqué douze ans plus tard au profit de son père et ce pour pouvoir devenir Premier ministre, fonction qui lui était interdite s'il était resté roi. Pour bien remplir sa mission, il a fondé son propre parti politique, le Sangkum Reastr Niyum, et a pu ainsi diriger son pays, sans aucun partage. Il s'est autoproclamé chef d'Etat après la mort de son père et s'est rapproché de l'Union soviétique et de la Chine, se positionnant ainsi contre l'impérialisme américain. Paradoxalement, il a réprimé les communistes cambodgiens qui risquaient de lui faire de la concurrence, jusqu'à ce qu'il soit chassé du pouvoir, par ses camarades du parti en 1970. Ne s'avouant pas vaincu, il fonde alors avec ses anciens adversaires communistes la brigade des Khmers rouges, coupables plus tard d'un génocide avec l'assassinat de près de 20% de la population (1,7 million de personnes). Les Khmers rouges ont conquis le pouvoir en 1975 et ont replacé Sihanouk à la tête de l'Etat. Il n'y est pas resté longtemps, il a été poussé à la démission un an plus tard et a été assigné à résidence, jusqu'à l'invasion vietnamienne en 1978. Sihanouk prend, une nouvelle fois, les armes pour lutter contre les Vietnamiens depuis l'étranger. Suite à des accords de paix, il regagne le pays et est proclamé de nouveau roi en 1993. Il abdique en 2004. Norodom Sihanouk est vénéré, jusqu'à aujourd'hui, par une partie des Cambodgiens en dépit de son parcours autocratique et sa compromission avec les génocidaires des Khmers rouges. Outre son combat et son parcours politique, Sihanouk est considéré comme l'un des pères fondateurs de la francophonie et, en cela, il a eu plusieurs rencontres avec le président tunisien Habib Bourguiba. Il était également réalisateur de films.