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L'Université La Sapienza a-t-elle réellement retiré le titre honorifique accordé à Saïed ?
Publié dans Business News le 04 - 08 - 2023

Depuis jeudi 3 août 2023, plusieurs internautes ont fait circuler une information selon laquelle l'université italienne "La Sapienza" aurait retiré le doctorat honoris causa accordé au président Kaïs Saïed en juin 2021.

Les publications ont rapporté : « urgent ! L'université italienne décide de retirer le doctorat honoris causa au président Kaïs Saïed ». Certains internautes ont commenté en disant : « alors que le président a décidé de réviser les diplômes supérieurs, l'université La Sapienza décidé de lui retirer son doctorat ».



Tandis que les partisans du président ont exprimé leur étonnement face à cette décision, les opposants considèrent qu'elle est justifiée et qu'elle « résulte de la pression exercée par des professeurs de droit du monde entier ».

L'équipe de BN Check a enquêté sur la véracité de cette information. Après une recherche sur les sites d'informations et sur les moteurs de recherche, nous avons trouvé qu'une a été lettre adressée au recteur de l'université La Sapienza Antonella Polimeni concernant le diplôme honorifique décerné au président tunisien.
Ainsi, environ 250 universitaires du monde entier ont demandé le retrait d'un doctorat honoris causa décerné par l'université La Sapienza à Rome au président tunisien Kaïs Saïed le 16 juin 2021. Parmi les signataires de la lettre figurent : Sana Ben Achour, faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis, Manon Boutin-Charles, La Sorbonne Nouvelle, Omid Amini, CNRS France, et Ted Swedenburg, Université of Arkansas aux Etats Unis.
Cette lettre dénonce le discours du président tunisien concernant les migrants subsahariens et appelle l'université à reconsidérer ce doctorat honorifique. Pour les signataires de cette lettre, le maintien de ce titre associe La Sapienza à un régime autoritaire et raciste, et légitime ses abus. Ils considèrent qu'il est inconcevable que le Président Saïed puisse encore se prévaloir du titre de docteur honoris causa en droit de l'université de La Sapienza après son coup d'Etat, et son discours de haine envers les Subsahariens.
Nous avons contacté l'université qui n'a pas voulu commenter la lettre des universitaires. En même temps, son bureau de presse a souligné que « l'université n'a pris aucune mesure dans ce sens ».

Voici la lettre traduite de l'anglais au français :
« Nous nous permettons de vous écrire aujourd'hui pour vous alerter d'une situation inquiétante concernant votre université. Un haut responsable politique, qui s'est vu attribuer un doctorat honoris causa par la Sapienza, a ouvertement commis de graves abus envers les migrants d'Afrique subsaharienne résident dans son pays ou transitant par celui-ci, y compris des étudiants et des refugies. il s'agit du président de la république tunisienne, m. Kaïs Saïed.
Le 21 février 2023, lors d'une réunion du conseil de sécurité nationale, il a qualifié les migrants d'Afrique subsaharienne de « hordes de migrants illégaux » et les a accusés d'être responsables de « violences, de crimes et d'actes inacceptables », insistant sur « la nécessite d'y mettre fin rapidement ». Il a également affirmé que cette immigration clandestine faisait partie d'une « entreprise criminelle conçue au début de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie", afin de la transformer en un pays "exclusivement africain" et d'estomper son « caractère arabo-musulman ». Ces propos racistes et xénophobes du président Saïed ont déclenché une vague de violence sans précèdent contre les africains noirs résidant en Tunisie. Des groupes sont descendus dans les rues, attaquant indistinctement des personnes noires, qu'il s'agisse de migrants, d'étudiants ou de demandeurs d'asile. Les forces de police ont arrêté et expulsé de nombreux individus de ces communautés.

Plus récemment, la ville de Sfax, dans le centre de la Tunisie, a été le théâtre de tensions importantes entre la population locale et les migrants d'Afrique subsaharienne. Les résidents tunisiens ont fait campagne pour le départ des étrangers africains, ce qui a conduit à des attaques contre des personnes noires et des affrontements avec des tunisiens. Un béninois a été tue en mai et un tunisien le 3 juillet 2023. La police tunisienne, la garde nationale et l'armée ont mené des descentes dans Sfax et ses environs, arrêtant arbitrairement des centaines d'étrangers africains noirs, dont des étudiants, des demandeurs d'asile, des enfants et des femmes enceintes. Ils ont expulse ou transféré de force, sans aucun respect des procédures légales, jusqu'à 1.200 personnes, réparties en plusieurs groupes, aux frontières libyennes et algériennes. Ces personnes ont été contraintes de marcher dans le désert sans nourriture ou eau suffisantes, repoussées par les forces de sécurité tunisiennes, algériennes et libyennes.
Plusieurs d'entre elles ont déclaré avoir été battues et agressés sexuellement par des membres de la garde nationale ou des soldats lors de leur expulsion ; une jeune fille de 16 ans a notamment affirme avoir été agressée sexuellement. Ces abus ont été condamnés par des experts des nations unies et par plusieurs organisations de défense des droits de l'homme, dont Human Rights Watch, qui a publié un rapport détaillé, ainsi que le forum tunisien pour les droits économiques et sociaux.

Ces violences meurtrières ne peuvent laisser votre université indifférente, alors que les changements climatiques et politiques font augmenter le nombre de refugies d'origine africaine, vous avez publiquement exprime votre souci de préserver leur vie et leur dignité en rejoignant le projet Unicore (corridors universitaires pour les refugies), promu par le haut-commissariat des nations unies pour les refugies (….).

Il nous semble inconcevable que m. Saïed puisse encore se prévaloir du titre de docteur honoris causa en droit de l'université de la Sapienza après le coup d'Etat, les ratonneurs, après l'établissement d'un régime autoritaire, une campagne raciste et meurtrière contre les personnes noires parce qu'elles sont noires. Et nous n'avons peut-être pas encore vu le pire : m. Saïed vient de conclure un mémorandum d'accord avec l'union européenne, selon lequel l'UE accepte d'accorder une aide au développement à la Tunisie en échange du contrôle des flux migratoires. Nous notons en particulier une « assistance technique » de l'UE destinée a permettre une « gestion efficace des frontières, le développement d'un système d'identification et de rapatriement des migrants irréguliers déjà présents en Tunisie dans leurs pays d'origine ». Quand on voit comment les migrants sont actuellement traites, nous ne pouvons qu'être inquiets quant à l'effet multiplicateur de cette « aide technique » .

il y a toujours eu des dictateurs qui accèdent au pouvoir en renversant l'ordre constitutionnel et qui le maintiennent en attisant les instincts les plus bas de la population, tels que le racisme. Ce qui est exceptionnel dans cette situation, c'est qu'une université de renom lui accorde un doctorat honoris causa, en droit qui plus est, en toute connaissance des faits. Le maintien de ce titre associe la Sapienza a un régime autoritaire et raciste, et légitime ses abus.

Madame la rectrice, les pires dictateurs meurent un jour, mais les universités non. Ce sont des institutions de savoir et d'éducation, dont le but est de soutenir ces valeurs à travers les âges, et elles ont une réputation à préserver. Il y a près de cinquante ans, en 1975, l'université de Nice a décerné un doctorat honoris causa à Nicolae Ceausescu, président de la Roumanie. Il est depuis longtemps parti, mais la mémoire de ses crimes perdure, et le bon nom de l'université de Nice est a jamais terni par son association avec lui. Nous ne souhaitons pas un tel destin a la Sapienza.

Nous vous appelons a reconsidérer le titre honorifique décerné a M. Kaïs Saïed ».
Notons que Elyes Chaouachi, fils de l'avocat Ghazi Chaouachi, prisonnier politique en Tunisie a adressé également, jeudi 13 juillet 2023, une lettre à la professeure Antonella Polimeni, rectrice de l'Université La Sapienza de Rome, l'appelant à retirer le titre honorifique accordé à Kaïs Saïed.
« Je vous invite également à reconsidérer l'engagement de votre université en faveur des valeurs démocratiques et des droits de l'Homme, en retirant cette reconnaissance académique à un homme dont les actions contredisent les principes fondamentaux que votre institution représente », indique Elyes Chaouachi dans sa lettre.
Le fils de Ghazi Chaouachi a souligné : « Dans ce contexte, plusieurs organisations de défense des droits de l'homme ont critiqué la stratégie malavisée du gouvernement italien qui continue à fournir au gouvernement tunisien les moyens et les ressources pour patrouiller le long des côtes, et fait tout son possible pour aider Kaïs Saïed à sortir de l'impasse financière dans laquelle celui-ci a mené son pays. Ce faisant, l'Italie risque de renforcer la position d'un dirigeant de plus en plus répressif et d'alimenter des violations toujours plus graves des droits de l'homme, ce qui constitue une violation flagrante des conventions internationales, notamment de l'article 2 de l'accord d'association euro-méditerranéen UE-Tunisie. En maintenant le titre honorifique accordé à Kaïs Saïed, l'Université La Sapienza devient, malgré elle, moralement complice de sa dérive autoritaire et de son alliance sécuritaire avec Giorgia Meloni ».
De sa part, le leader du parti italien Più Europa, Riccardo Magi a annoncé, mardi 1er août 2023, avoir déposé une demande auprès de la ministre de l'Enseignement supérieur, Annamaria Bernini lui sollicitant de retirer le doctorat honoris causa décerné en 2021 au président de la République, Kaïs Saïed, par l'université "La Sapienza" de Rome.
Dans un statut publié sur les réseaux sociaux, le politicien a donné des précisions sur les motivations de cette demande. « En Tunisie, l'intensification de la répression, la violation de l'indépendance de la justice et le démantèlement progressif des garanties institutionnelles se sont accompagnés, ces derniers mois, de véritables attaques contre les migrants transitant par le territoire tunisien. Des centaines de migrants africains ont été expulsés du pays, emmenés jusqu'aux frontières algérienne et libyenne et abandonnés dans le désert sans nourriture ni eau, condamnés à périr dans des conditions inhumaines », a-t-il indiqué.
Le retrait du doctorat honorifique accordé au président Kaïs Saïed n'est qu'une fausse information. Il s'agit plutôt d'une demande exprimée par un ensemble d'universitaires et politiciens face au discours du président envers les migrants subsahariens.


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