Le dirigeant d'Attayar, Hichem Ajbouni a considéré que le président de la République, Kaïs Saïed, avait limogé le PDG de l'Office des céréales, Béchir Kthiri, afin de se dérober de ses responsabilités et d'assumer son échec. Hichem Ajbouni a, aussi, qualifié les entreprises communautaires de mécanisme de vente de rêves. Invité le 15 août 2023 à « Sbeh Diwan » de Myriam Belkadhi sur Diwan Fm, Hichem Ajbouni a considéré que le président ne faisait que se répéter en insistant sur l'existence de réseaux de monopolisation et de spéculation. Il a rappelé que le président avait affirmé à plusieurs reprises connaître leurs identités. Il s'est interrogé sur l'absence de mesures concrètes visant ces personnes. Il doit les nommer et les traduire devant la justice. Dans le cas contraire, il est considéré comme leur complice. Hichem Ajbouni a indiqué que le chef de l'Etat, Kaïs Saïed, monopolisait les pouvoirs depuis plus de deux ans et qu'il était, de facto, le seul à prendre des décisions. Il a indiqué que le PDG de l'Office ne pouvait pas résoudre la crise au niveau des céréales. « La monopolisation des céréales est exercée par l'Etat ! Ceci est paradoxal ! Le chef de l'Etat tient l'Etat responsable de la crise ! L'Etat monopolise la distribution des céréales, du café, du thé, des médicaments ! Tout est monopolisé par l'Etat ! Il existe un problème au niveau de la distribution et non des personnes », a-t-il dit. Hichem Ajbouni a évoqué les dettes de l'Etat auprès de l'Office des céréales. Le limogeage de son PDG ne changera, selon lui, rien. Les Tunisiens font toujours la queue devant les boulangeries. Ainsi, le dirigeant d'Attayar a pointé du doigt une absence de vision, parallèlement à une impossibilité, à travers les dispositions de la constitution de 2022, de le tenir pour responsable de ses défaillances. Il a évoqué l'exemple de la ratification de la loi de finances comportant des réformes soutenues par le Fonds monétaire international puis se rétracte, expliquant que la loi de finances 2023 introduisait une levée partielle des compensations. « Nous ne vivons pas dans un régime présidentiel. On peut le baptiser comme bon nous semble, mais pas en tant que régime présidentiel. Même un régime présidentiel se base sur l'équilibre des pouvoirs… Il n'y a qu'un seul pouvoir… Dans la constitution de la « décennie noire » de 2014, que Kaï Saïed a juré de respecter, on pouvait procéder à un retrait de confiance du président de la République », a-t-il ajouté. Hichem Ajbouni a estimé que si la la cour constitutionnelle avait été créée avant le 25 juillet, Kaïs Saïed l'aurait dissoute. Il a qualifié le président de « référence dans la destruction » et de « personne inapte à créer et à bâtir ». Il gouverne le pays, selon lui, au jour le jour. Par ailleurs, M. Ajbouni a assuré qu'il n'attendait rien de la part du nouveau chef du gouvernement, Ahmed Hachani. Il a rappelé que le président de la République devait élaborer une stratégie et que le gouvernement était appelé à l'exécuter. « En octobre 2022, le président a créé un haut comité chargé d'accélérer la réalisation des projets. Après une année, il vient nous dire que l'administration s'opposait à lui et le bloquait… Qu'a fait ce comité ? A-t-il été créé ? Si oui, qu'a-t-il réalisé ? Si ce n'est pas à elle de lever les obstacles afin d'accélérer la réalisation des projets publics et la cité médicale de Kairouan, quel est donc son rôle ? Je tiens à rappeler qu'une réunion a eu lieu trois années en arrière. En juillet, je pense ! Selon la page de la présidence, il s'agit du comité de direction de la concrétisation du projet de la cité Aghlabide médicale… Qu'a-t-il réalisé jusqu'à maintenant ? Rien… Kaïs Saïed n'est pas en train de faire avancer le pays », a-t-il critiqué. Hichem Ajbouni a évoqué la flambée des prix des produits alimentaires. Il a considéré que le président de la République avait nommé un chef de gouvernement effacé, sans personnalité et incompétent. Il s'agit selon lui d'un passage du gouvernement de « Mashallah » à un gouvernement de « À vos ordres ». Il a estimé qu'Ahmed Hachani ne présentera pas de programme économique. Revenant sur la question de l'assainissement de l'administration, Hichem Ajbouni a expliqué que le limogeage de deux ou trois professeurs ayant falsifié leurs diplômes ne rendra pas le pain disponible. Il a qualifié la chose de manœuvre visant à dissimuler l'impossibilité de trouver des solutions. Il a appelé à réformer l'administration et non à l'assainir. Il a rappelé que l'administration tunisienne comptait 600.000 fonctionnaires. Il a estimé que le nombre de diplômes falsifiés était très faible et qu'il concernait les personnes se trouvant en bas de l'échelle et non des hauts-cadres et des directeurs. Kaïs Saïed, selon lui, parle d'assainir l'administration afin de trouver un nouveau coupable et de couvrir son échec. Hichem Ajbouni a indiqué que le mouvement Ennahdha avait fait appel à la même technique et avait assuré qu'il était victime d'un complot mené par l'Etat profond. Il a expliqué que ceux pouvant bloquer les projets n'avaient pas nécessairement des diplômes falsifiés. Au final, M. Ajbouni a appelé à transformer l'administration en vecteur de développement et non en un élément de blocage. À noter que Hichem Ajbouni a indiqué qu'Attayar pourrait ne pas participer à la prochaine élection présidentielle pouvant avoir lieu en 2024. Il a, aussi, indiqué que Kaïs Saïed, pourrait ne pas reconnaître les résultats et s'y opposer.