Le président de l'Ordre des Ingénieurs Tunisiens (OIT), Kamel Sahnoun a indiqué que chaque année entre 8.000 et 8.500 ingénieurs obtenaient leurs diplômes en Tunisie et 6.500 ingénieurs quittaient la Tunisie. « Ils vont partout… On apprécie l'ingénieur tunisien en raison de sa formation et de sa capacité à s'intégrer », a-t-il dit. S'exprimant le 19 février 2024 durant « Ahla Sbeh » de Jihen Miled sur Mosaïque Fm, Kamel Sahnoun a affirmé que la formation d'un ingénieur coûtait à l'Etat au moins 100.000 dinars. La somme totale déboursée pour la formation de 6.500 ingénieurs correspond donc à 650 millions de dinars. Le président de l'OIT a, aussi, expliqué que les ingénieurs recrutés à l'étranger n'étaient pas les nouveaux diplômés, mais ceux ayant une expérience professionnelle. « 650 milliards sont, annuellement, offerts par l'Etat tunisien à l'économie mondiale… Ce chiffre correspond aux frais de construction d'un hôpital universitaire, d'une faculté ou d'un aéroport… Ceci résulte du manque d'attention après l'obtention du diplôme… Les conditions de travail sont déplorables… Le salaire d'un ingénieur marocain correspond à quatre fois celui de l'un de nos ingénieurs… La raison est simple… L'un des anciens ministres de Bourguiba me l'a expliqué… Le ministère marocain de l'Aménagement durant les années 70 avait été convoqué par le roi marocain Hassan II et lui a demandé d'élaborer une stratégie visant à développer le pays… Celle-ci comportait, dans ces recommandations, plus de mesures au profit des ingénieurs », a-t-il dit. Kamel Sahnoun a affirmé que la défaillance des entreprises publiques résultait du départ des ingénieurs. Il a cité l'exemple de l'une des entreprises publiques ayant enregistré sept départs durant la période juillet-décembre 2023. Ils ont été remplacés par des personnes non-qualifiées et n'ayant pas suivi un cursus universitaire en ingénierie. Il a indiqué que l'OIT avait saisi, en février 2021, la présidence du gouvernement. Un accord avait été conclu afin de garantir des augmentations salariales similaires à celles mises en place au profit des ingénieurs de la fonction publique. Il s'agit d'une somme allant de 500 à 900 dinars. Sur 247 établissements concernés, seulement 93 ont appliqué cette décision. « Sur les 93 entreprises, quatre sont sous la tutelle du ministère de l'Economie… Elles se sont focalisées sur des questions d'ordre bureaucratique… Or, elles avaient reçu un courrier clair… Le 9 octobre, le ministère les a appelées à verser les sommes dues… Malgré cela, ceci n'a pas eu lieu… Il y a un problème d'ordre psychologique… Les ingénieurs sentent qu'ils ne sont pas respectés… On dirait qu'on n'a plus besoin d'eux... Les rapports techniques qu'ils élaborent ne sont pas appliqués », a-t-il ajouté.