Le juge d'instruction près le Tribunal de première instance de Tunis, a émis, vendredi 31 mai 2024, un mandat de dépôt à l'encontre du président par intérim d'Ennahdha, Mondher Ounissi. Une décision prise dans le cadre de l'affaire du décès de Jilani Daboussi. Des mandats de dépôt avait déjà été émis en mars et avril contre un ancien procureur général près la Cour d'appel de Tunis et un médecin de la prison civile de la Mornaguia. Le porte-parole du Tribunal de première instance de Tunis, Mohamed Zitouna a ainsi précisé, dans une déclaration médiatique, que trois personnes sont détenues dans cette affaire pour meurtre avec préméditation.
Mondher Ounissi est emprisonné depuis septembre 2023 dans le cadre de l'affaire dite de complot liée à des enregistrements fuités ayant circulé sur les réseaux sociaux durant l'automne 2023. Son nom était cité dans celle de la mort de Jilani Daboussi en sa qualité de médecin.
Pour rappel, Jilani Daboussi est décédé à l'âge de 67 ans quelques heures après sa libération de la prison civile de la Mornaguia. Il y avait été incarcéré du 7 octobre 2011 au 7 avril 2014, soit une détention de deux ans et demi. Il s'agit d'une période dépassant de loin les délais fixés par la loi à seulement quatorze mois. Malgré les nombreuses demandes de libérations et la détérioration de son état de santé, la justice avait maintenu l'ancien élu en temps de Ben Ali et de Bourguiba en détention. Le fils du défunt a évoqué une pression exercée par les ministres de la Justice et de la Santé en ce temps-là, à savoir Noureddine Bhiri (actuellement en prison) et Abdellatif Mekki. Sami Daboussi a assuré que son père était resté en prison pour avoir refusé de payer un pot-de-vin de 50.000 dinars. Il a, par la suite, annoncé avoir saisi la justice française et avoir présenté un enregistrement audio de Noureddine Bhiri ordonnant la falsification du dossier médical de son père. L'affaire a même atteint des dimensions internationales puisque le Comité des droits de l'Homme relevant du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme s'en est saisi. D'après cette institution, le défunt a été victime d'une violation des droits de l'Homme, a reproché aux autorités tunisiennes d'avoir failli à leur devoir de protéger la vie de Jilani Daboussi et a dénoncé l'absence d'une enquête. Par la suite et à la date du 10 janvier 2022, le procureur de la République près le Tribunal de première instance de Tunis a ouvert une enquête sur les circonstances du décès de Jilani Daboussi.